Le Chantier donne le « la » aux artistes émergents
Les Francofolies organisent des sessions de perfectionnement pour les artistes émergents
Chaque année depuis dixhuit ans, le Chantier des Francos accueille 16 artistes ou groupes émergents de la scène française. Pendant deux semaines, réparties entre janvier et juin, ils suivent des cours de perfectionnement scénique, des séances de développement personnel, des mises à niveau de la pratique des réseaux sociaux… « On veut les aider à entrer pleinement dans la carrière d’artiste, explique Hélène Texier, responsable de séances de stratégie et de structuration professionnelle. On les confronte à d’autres parcours et on adapte notre aide en fonction du leur. »
« Il faut se coltiner le boulot, la Sacem, les problèmes administratifs… » Sébastien Hoog, musicien
Après deux jours sur place en compagnie de trois groupes du Chantier 2017, on remarque l’hétérogénéité des chemins. Therapie Taxi est un jeune quatuor électro-rock très enthousiaste, qui a, comme on dit, une belle marge de progression, mais peut déjà compter sur plusieurs partenaires, dont une maison de disques. A l’opposé, Palatine est un groupe rock de trentenaires expérimentés, à l’univers musical affirmé, mais peu ou pas entouré, sans label ni manager. Enfin, Inuit s’est formé assez récemment, mais sa formule électro avec cinq musiciens et une chanteuse charismatique a déjà séduit de nombreux professionnels. Même en s’adaptant à chacun des artistes, les intervenants notent tous qu’il y a « des bases, des recettes ». Notamment Christophe Gendreau, en charge du perfectionnement scénique : « Moi, je leur donne un autre point de vue. Pas un conseil, mais une direction à suivre pendant une semaine. » A la fin du stage, les groupes donnent un concert dans la salle du Chantier. « Après ça, ils feront ce qu’ils veulent de ce que je leur ai demandé de faire. Mais tant qu’ils sont là, ils me suivent. » Christophe Gendreau a ainsi complètement revu le positionnement scénique de Therapie Taxi. « Le groupe n’y avait jamais vraiment réfléchi. »
Travailler la scène
Au Chantier, les artistes suivent aussi bien des cours de chant, car « pour certains, ce n’est pas du tout superflu », explique Wilfried Hildebrandt, que des conseils sur la gestion de leurs réseaux sociaux, et même des séances de développement personnel. Sébastien Hoog, musicien de tournée, est aussi venu partager son expérience. « Je leur conseille de ne pas lâcher », dit-il. L’ambiance est détendue, mais la fatigue commence toutefois à se faire sentir le vendredi matin, à quelques heures du concert de clôture de la semaine. Vincent, chanteur de Palatine, reconnaît que ce fut une semaine intense : « Il y a le travail de la scène qui prend pas mal d’énergie, mais, surtout, les intervenants nous font nous poser beaucoup de questions sur ce que l’on veut vraiment faire avec le groupe, où on veut aller, ce qu’on veut dire. » Est-ce qu’on prend un manager ? Estce qu’on change de tourneur pour faire plus de concerts? Oui, mais alors, la vie de famille ? Est-on assez payé pour continuer comme ça? Les questions se bousculent dans la tête des artistes du Chantier. Sébastien Hoog leur a ainsi conseillé de se méfier « du confort des répétitions. On se retrouve, on est content, on fait de la musique… Mais à un moment, il faut se coltiner le boulot, la Sacem, les problèmes administratifs, travailler le réseau, etc. » Au printemps, chaque groupe reviendra pour une semaine au Chantier puis, à la mi-juillet, pour jouer aux Francofolies. D’ici là, les conseils devraient avoir porté leurs fruits.