20 Minutes

Hollande saute dans le train

A quelques mois de la présidenti­elle, le chef de l’Etat a fixé comme « objectif » au gouverneme­nt de sauver la production de locomotive­s Alstom à Belfort.

- Thibaut Le Gal

François Hollande veut sauver l’usine de Belfort. Le chef de l’Etat tente de reprendre la main après qu’Alstom a annoncé mercredi l’arrêt de la production de trains sur le site d’ici à 2018. La décision du groupe industriel, arguant une pénurie de commandes, mettrait en péril l’avenir de 400 salariés. Un plan social impensable pour le presque-candidat Hollande, qui a sonné le tocsin lundi matin, lors d’une réunion interminis­térielle de crise sur le sujet. « Nous avons appris il y a quelques jours les intentions de déménageme­nt de l’entreprise. Le président a décidé de se saisir directemen­t du dossier car cette décision n’était pas acceptable », indique l’entourage du chef de l’Etat. Le sujet aurait pourtant été évoqué au conseil d’administra­tion de l’entreprise… dans lequel siège un représenta­nt de l’Etat, actionnair­e à 20 %. Qu’importe, le président de la République a fixé un objectif à ses ministres : maintenir les activités ferroviair­es d’Alstom à Belfort. « L’Etat se réveille bien tardivemen­t. » Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à la primaire de droite Le dossier est devenu très politique. L’opposition n’a pas tardé à tancer l’exécutif. « L’Etat se réveille bien tardivemen­t, parce qu’en fait, cela fait des années que ça dérive », a lancé la candidate à la primaire de la droite Nathalie Kosciusko-Morizet lundi sur RTL, dénonçant les « errements » de l’Etat et la responsabi­lité d’Emmanuel Macron. « Alstom est la preuve qu’il n’y a pas de politique industriel­le à la tête de l’Etat », a surenchéri Bruno Le Maire, également candidat à la primaire. « Inacceptab­le » aussi pour Arnaud Montebourg. Son directeur de campagne, François Kalfon, dénonce le « laisser-faire » du gouverneme­nt. « On peut toujours dire qu’on n’était pas au courant et se refiler la patate chaude. C’est une fable, dénonce-t-il. Le boulot de l’Etat est de maîtriser la commande publique. J’espère que pour une fois, les salariés pourront bénéficier de la campagne présidenti­elle. Si au bout, ils perdent leur travail, c’est un savoirfair­e qui tombera et qui ne sera pas remplacé. Cela signerait un nouveau Florange pour le chef de l’Etat. »

« La priorité, c’est de sauver les emplois locaux. » Frédérique Espagnac, sénatrice socialiste

L’exécutif veut tout faire pour chasser le spectre de la Moselle, qui a terni l’image du quinquenna­t. La fermeture des hauts fourneaux d’ArcelorMit­tal en 2013 avait été vécue par les salariés comme une « trahison ». « Il ne faut pas tout mélanger... Pourquoi ne pas citer les emplois créés dans le numérique, les succès à Saint-Nazaire, à Airbus, etc. », répond l’entourage du président. « Le quinquenna­t n’est pas en question. La priorité, c’est de sauver les emplois locaux », abonde Frédérique Espagnac, sénatrice socialiste et soutien de Hollande. Alain Vidalies, secrétaire d’Etat chargé des Transports, a assuré sur RTL que la production restera « dans les mêmes proportion­s qui existent aujourd’hui ». Le chef de l’Etat n’a probableme­nt pas oublié la formule de Lionel Jospin en 1999, « l’Etat ne peut pas tout », face aux suppressio­ns d’emplois chez Michelin. Un aveu d’impuissanc­e qui avait contribué à sa défaite à la présidenti­elle.

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L’usine Alstom de Belfort doit être transférée en Allemagne.
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François Hollande en visite d’un site d’Alstom au Maroc, en 2015.

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