«Girls» power
Source d’inspiration pour les femmes et pour les réalisateurs, « Girls » a marqué toute une génération. La 6e et dernière saison de la série débarque ce lundi sur OCS.
«Je pense que je pourrais bien être la voix de ma génération. Ou au moins, une voix d’une génération. » En une réplique, lâchée par son personnage, Hannah, dès le pilote, Lena Dunham disait déjà tout sur sa série « Girls ». Après six années, et alors que l’ultime saison a débuté dimanche sur HBO, et ce lundi sur OCS, que reste-t-il de cette promesse ?
« “Sex and the City” dépeignait des femmes aux carrières brillantes, que leur horloge biologique rendait folles. “Gossip Girl” parle de perdre sa virginité et de gagner en popularité, écrivait Lena Dunham dans le mémo à l’origine du projet qu’elle envoya à HBO. Mais, entre l’adolescence et la vie d’adulte, il existe un entre-deux inconfortable, où les femmes sont éjectées de la fac pour un monde sans glamour ni repères. Une période à la fois déchirante, hilarante et terriblement humaine. Ces filles sont surdiplômées et sous-employées (…), magnifiques et exaspérantes, conscientes et égocentriques. Ce sont vos petites amies, vos enfants, vos soeurs, vos employées. Ce sont mes amies et je ne les ai jamais vues à la télé. » Lena Dunham y voit aujourd’hui le pire pitch jamais écrit, « effrayant et prétentieux », mais elle y identifie bien une génération.
La voix des sans-voix
La série a donné une voix aux « laisséspour-compte » de la société et de la télé américaines. « On y parle de sexualité, d’amitié, de féminité différemment, ajoute Iris Brey, journaliste spécialisée et auteure de Sex and the Series : sexualités féminines, une révolution télévisuelle (Soap Editions). Par exemple, c’est la première fois qu’on voit des filles éduquées avec le porno, et l’influence qu’il a pu avoir sur leurs relations. » Avec une moyenne de 500 000 à 600 000 fidèles par épisode, « Girls » n’a pas été un succès d’audience. Son influence est pourtant bien réelle sur une génération de spectateurs, et encore plus sur une génération d’auteurs. « “Girls” est aussi générationnelle, parce qu’elle a vu une femme de 24 ans créer, produire et jouer dans sa propre série. Lena Dunham a ouvert la voie, d’autres se sont vues en elle et ont dit que c’était possible, comme les créatrices des séries “Fleabag”, “Chewing Gum” ou même “Transparent”. »
Lena Dunham aura beaucoup fait parler d’elle en six années de prises de position, de débats polémiques, de réseaux sociaux, au risque, parfois, d’éclipser sa série. Mais c’est là qu’elle a fait le plus de travail sur elle. C’est pourquoi il était temps d’arrêter. A maintenant 30 ans, elle n’est plus la même. Ni de la même génération ?