Une Superligue à renverser
Face au projet de 12 clubs de football de créer une compétition concurrente de la Ligue des champions, l’opposition s’organise.
Le foot perd la boule. Lundi, 12 clubs européens (Arsenal, Atlético, Barça, Chelsea, Inter, Juventus, Liverpool, Man City, Man U, Milan AC, Real Madrid, Tottenham) annonçaient la création d’une Superligue. Enterrant, au passage, la Ligue des champions, dont l’UEFA a validé la réforme tendant, dès 2022-2023, à un format à peine différent de celui de son fossoyeur. Pour autant, ce projet a des garde-fous. Avant même l’annonce de Superligue, l’UEFA brandissait la menace d’une exclusion des clubs dissidents de « toute autre compétition». Leurs joueurs, eux, ne pourraient représenter leur sélection. Mais ce moyen de pression n’est pas forcément légal. Ainsi, la Superligue a saisi préventivement « les juridictions compétentes » afin d’assurer son existence face à une bataille juridique, selon un courrier adressé à l’UEFA et à la Fifa.
Cependant, les 12 membres pourraient trouver, dans une décision de l’Union européenne sur le patinage de vitesse, datée du 16 décembre 2020, un bouclier contre les sanctions de l’UEFA. Dans cette décision, l’UE a interdit à la Fédération internationale de bannir à vie deux patineurs qui souhaitaient participer à des événements privés et lucratifs, estimant que cette sanction était contraire au droit à la concurrence au sein de l’Union. «Par ailleurs, on ne peut pas priver d’accès à l’équipe nationale pour des motifs qui sont les répercussions d’un débat purement économique, analyse Gautier Kertudo, avocat spécialisé dans le droit du sport. L’accès à l’équipe nationale est une forme d’appel à la participation à un service public.» Au-delà de l’aspect juridique, les supporteurs, muets depuis plus d’un an, pandémie oblige, pourraient se faire entendre. Mais « ça fait un moment que le public à Liverpool ou à Barcelone a changé, souligne le sociologue Nicolas Hourcade. Les clubs ont cherché à privilégier un public fortuné, comme dans les franchises américaines. » Pour autant, il y a des limites à ne pas franchir pour les fans de Chelsea. Ils en veulent au propriétaire, Roman Abramovich, de les avoir embarqués dans ce bazar, parlant de « trahison ultime ». « Ce week-end, des fédérations européennes de supporteurs se sont positionnées contre ce projet », ajoute Nicolas Hourcade. Fumigènes vs fric, que le meilleur gagne.
Les supporteurs de Chelsea parlent de «trahison ultime».