Appel aux rivaux, meeting, réunions publiques... Fillon orchestre sa riposte
Le candidat de la droite s’est montré offensif, mercredi. Une opération en quatre actes
Montrer à tout prix que l’on n’est pas seul dans la tempête. Le candidat de la droite à la présidentielle Francois Fillon, empêtré dans des soupçons d’emplois présumés fictifs au profit de son épouse et de deux de ses enfants, a lancé une riposte, mercredi, dans l’Oise.
Acte I : recontacter les anciens rivaux.
Au lendemain d’une journée durant laquelle des députés « frondeurs » de droite ont de nouveau voulu « débrancher » François Fillon, le candidat a appelé Alain Juppé avant de déjeuner avec Nicolas Sarkozy. Objectif : montrer qu’il dispose du soutien de ses anciens concurrents, mais aussi de leurs troupes, et aussi s’assurer de leur coopération pour cette campagne incontrôlable. Le tête-à-tête avec Nicolas Sarkozy, qualifié de « chaleureux » selon l’entourage de l’ex-président, était ainsi résumé par un élu, mercredi, à Compiègne (Oise) : « Quand les difficultés apparaissent, il est important de se serrer les coudes, de se donner un coup de pouce aussi. Et puis, l’hypothèse François Baroin [l’ex- « Premier ministrable » de Nicolas Sarkozy] dont on parle ici et là, moi, ça me va. »
Acte II : être escorté par des parlementaires.
Un communiqué a annoncé dans l’après-midi la nouvelle proposition de François Fillon, à savoir « établir la majorité pénale à 16 ans ». Il précédait une réunion privée du candidat sur le thème de la sécurité avec des acteurs locaux et son escorte. Le thème du jour a ravi l’ex-sarkozyste Eric Ciotti, qui s’est félicité de tout « projet visant à restaurer l’autorité » de l’Etat. Interrogé sur l’ambiance de la campagne, l’élu a assuré : « Nous sommes mobilisés pour aller à la victoire », réfutant par ailleurs toute méthode Coué. Parmi les élus présents aux abords de la salle de quartier, les petits mots assassins ont fusé sur les « frondeurs » : « [Georges] Fenech [chef de file des frondeurs], marre de lui. Et [Pierre] Lellouche? Toujours aussi éruptif, lui! Un plan B, mais quelle bêtise! »
Acte III : célébrer l’« ordre et l’autorité ».
Comme lors de son dernier meeting, à Poitiers, la semaine dernière, un comité d’accueil attendait François Fillon à Margny-lès-Compiègne. En tapant sur des casseroles et aux cris de « Fillon escroc, Fillon en prison », une vingtaine de manifestants ont ralenti le flux des véhicules, ce qui a passablement irrité sympathisants et élus. « Des pauvres connards », a lancé l’un d’entre eux lorsqu’un autre estimait : « Il faudrait les tuer, c’est tout. » « Merci d’être inflexible face aux attaques », a lancé pour sa part François Fillon depuis la tribune. « On va gagner », a scandé la salle avant d’applaudir le candidat qui a affirmé vouloir l’« ordre et l’autorité de l’Etat ».
Acte IV : aligner les forces supplétives sur le terrain.
Contesté par une partie des parlementaires LR, François Fillon va répliquer en alignant des forces supplétives ce jeudi et vendredi. Pas moins de dix-sept élus vont tenir des réunions publiques pour porter la bonne parole : les fillonistes Jérôme Chartier et Bruno Retailleau, les sarkozystes Christian Jacob et Eric Woerth et même François Baroin. François Fillon sera, quant à lui, attendu à Tourcoing. Une façon de clouer le bec aux frondeurs de la droite.
Pas moins de 17 élus envoyés pour tenir des réunions publiques en cette fin de semaine.