Circuits courts, idées longues
Vente directe, e-commerce, Amap... A l’heure où la grande distribution essaie d’imposer aux producteurs des tarifs toujours plus bas, les initiatives se multiplient pour augmenter la rémunération des agriculteurs.
Moins d’un an et demi après son lancement, La marque du consommateur (plus connue sous son slogan « C’est qui le patron?! ») cartonne. Le client y fixe luimême le cahier des charges des produits qui correspondent à ses attentes en matière de qualité, tout en assurant une recette décente au producteur. Son produit phare, une briquette de lait toujours vendue à 0,99 € le litre et où l’éleveur perçoit toujours 0,39 €, sera bientôt distribué dans les Système U, et quatre nouveaux produits (des oeufs, du fromage blanc, de la fourme et du miel) sont mis en consultation auprès des internautes. A quelques jours de la présentation en Conseil des ministres (mercredi) des principales mesures du projet de loi issu des états généraux de l’alimentation (EGA), et alors que « la grande distribution exige toujours des baisses de prix permanentes », selon la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) (lire aussi cidessous), cet engouement pour le circuit court n’a rien de l’effet de mode. « Depuis certaines crises sanitaires, les consommateurs mesurent qu’on ne peut pas toujours manger pour moins cher », justifiait, le 16 janvier, sur le plateau de « Cash Investigation », Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA. Yuna Chiffoleau, directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), ne doute pas, elle, que la part des achats alimentaires des Français réalisée en circuit court grimpe encore – elle était de 10 % en 2013.
E-commerce, Amap...
Vente directe, restauration collective, e-commerce, associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap)…les circuits courts ne cessent, en effet, de fleurir. Le dernier en date est peut-être celui des supermarchés coopératifs, comme La Louve, où les clients sont adhérents et consacrent trois heures de leur temps par mois au bon fonctionnement du magasin. Yuna Chiffoleau cite aussi les groupements d’achats, « ces petits comités de consommateurs qui s’organisent pour acheter directement des produits aux agriculteurs aux prix que ces derniers fixent, précise-t-elle. Cette solution, portée notamment par les comités d’entreprise, croît à une vitesse que l’on n’avait pas vu venir. » Reste à savoir si ces initiatives mises bout à bout parviendront à améliorer le quotidien des agriculteurs. Il faudra attendre 2020 et le prochain recensement agricole pour s’en faire une idée plus précise.