A dose mesurée
La directrice France de la plateforme de pétitions en ligne Change.org, Sarah Durieux, publie un manuel d’activisme
Avec un arrivage qui s’annonce tendu dans les semaines à venir, les vaccins contre le Covid-19 font l’objet de toutes les attentions.
Les pétitions en ligne se sont multipliées ces dernières années. Certaines ont même réussi à mobiliser plusieurs millions de personnes, comme celle intitulée «Pour une baisse des prix du carburant à la pompe», qui a lancé le mouvement des « gilets jaunes» en 2018. «Nous pouvons toutes et tous utiliser les méthodes de l’activisme pour faire bouger les lignes », explique Sarah Durieux, directrice France de la plateforme Change.org. Elle publie jeudi le livre Changer le monde (éd. First).
Pourquoi avoir ressenti le besoin d’écrire ce livre, qui est une sorte de manuel du « militant en herbe » ?
Je voulais m’adresser à tous ceux qui n’ont pas d’expérience, ni de réseaux pour faire connaître leurs causes. C’est un grand enjeu démocratique, et c’est pour cela que j’ai écrit ce livre. Il est important aujourd’hui de former les gens, de leur donner des outils pour faire avancer leur combat en ligne.
La pétition en ligne est-elle un véritable outil pour militer, aujourd’hui ?
Absolument. C’est en tout cas un bon point de départ. La pétition en ligne permet de rendre une cause publique, de se compter – ce qui donne une légitimité au groupe –, et, surtout, de s’organiser pour la suite du mouvement. C’est ce qui s’est passé très récemment avec le boulanger de Besançon qui a lancé une pétition en ligne [240 000 signatures] pour que son apprenti, un jeune réfugié guinéen, ne soit pas expulsé. De nombreuses actions ont été entreprises à la suite de cette pétition et ont permis de faire aboutir cette cause. Cette campagne a été extraordinaire, et c’est typiquement le genre de mobilisation que nous soutenons sur Change.org.
Beaucoup critiquent pourtant les pétitions en ligne et, d’une manière générale, le « militantisme du clic »…
Certains estiment que ce genre de militantisme nécessite peu d’effort, moins d’engagement. C’est une critique que je peux comprendre mais qui, aujourd’hui, n’est plus fondée. La pétition était utilisée auparavant comme un indicateur pour mesurer l’engagement. Aujourd’hui, c’est un outil central d’organisation de la mobilisation. Cliquer, c’est une manière de s’engager.
La crise sanitaire a-t-elle amplifié la mobilisation en ligne ?
Il y a eu un avant et un après Covid-19. On est passés de près de 1000 pétitions par mois sur la plateforme à plus de 3000. En France, cela représente une hausse de 15 % du nombre de personnes inscrites sur la plateforme. Les gens, qui ne pouvaient pas manifester à cause des confinements, ont eu besoin de solutions pour se faire entendre.