La pierre n’est pas la plus mal lotie
Le marché de l’emploi et le budget des ménages ne sortiront pas indemnes de la crise du coronavirus. Pour l’immobilier, rien n’est écrit
C’est la question à un million d’euros. Face à la crise économique qui se profile, les prix de l’immobilier vontils trinquer ? « Il faut être extrêmement humble, on ne sait pas vraiment. Mais on peut essayer de tirer des lois de ce qu’on a pu vivre par le passé », confie Thomas Lefebvre, directeur scientifique de MeilleursAgents. Pour anticiper l’évolution du marché, il faut suivre trois indicateurs, rappelle-t-il : l’économie et en particulier l’emploi, le comportement des banques et la confiance des Français en l’avenir. Côté confiance, les agences assurent que le moral est intact, revigoré, même. Depuis le 11 mai, les transactions gelées pendant le confinement se sont concrétisées et les visites repartent de plus belle. « On fait des records de trafic historiques, constate Corinne Jolly, présidente de Pap.fr. Sur début juin, on observe 50 % d’acheteurs potentiels en plus par rapport à l’année dernière. »
Une baisse à prévoir
L’envie de changer d’air est là. Mais « il y a une fragilisation générale des ménages, certains plus atteints que d’autres », appuie Henry Buzy-Cazaux, fondateur de l’Institut du management des services immobiliers. « Sans parler d’effondrement des prix, les vendeurs vont devoir se rapprocher de ce pouvoir d’achat affaibli. C’est un mécanisme naturel : le logement n’est pas un bien hors sol », martèle-t-il. Pour l’instant, les promesses de vente signées en mai indiquent « une stabilité des prix », note Thomas Lefebvre. Sur le long terme, dans les zones qui s’en sortent le mieux économiquement, « on devrait être sur une stabilité voire une légère baisse ». Les villes aux industries fragilisées, comme Toulouse avec l’aéronautique, pourraient accuser une baisse plus notable selon lui. Mais il faudra attendre septembre pour « avoir une meilleure visibilité » et dégager une vraie tendance, insiste l’expert. Si baisse des prix il y a, ce ne sera pas une mauvaise nouvelle pour tout le monde, sourit Henry BuzyCazaux. « Cela permettrait aux ménages d’oser engager la négociation, alors que ce n’était plus possible sur les marchés tendus. » Un argument à mettre sur la table avant la signature ?