Le manque de pubs met les radios locales au plus mal
Les revenus publicitaires des stations ont chuté pendant le confinement
Depuis l’instauration des mesures de confinement, les écrans publicitaires des radios régionales sont désespérément vides. La chute des revenus publicitaires a frappé de plein fouet les radios B, qui vivent exclusivement grâce aux campagnes diffusées sur leurs antennes. En avril, en Occitanie, dix radios s’unissaient au sein d’une association, pour tirer la sonnette d’alarme. « Nous avons perdu presque la totalité de notre chiffre d’affaires, alors que les mois de printemps sont parmi les plus importants dans la constitution de nos recettes », déploraient-elles dans une lettre aux institutions.
Une crise « sans précédent »
Un mois et demi plus tard, certains annonceurs, notamment les commerçants qui avaient dû baisser leur rideau de fer, ont ressurgi. Mais la situation est très loin d’être revenue à la normale. « En plein confinement, nos écrans étaient vides, ou presque, confie Jacques Iribarren, président de l’association des radios régionales d’Occitanie et fondateur de 100 %. Nous sentons aujourd’hui une petite reprise, mais nous sommes loin du niveau que l’on connaissait auparavant. » « Les mois perdus resteront perdus, reprend François-Xavier Delacoux, directeur de RTS. Pour autant, nous n’avons jamais suspendu nos programmes, au contraire, nous avons continué nos services, nous avons multiplié l’information locale. »
« L’essence de nos radios locales, c’est le lien avec les auditeurs, confie Olivier Coquin, fondateur de Radio One. Il ne fallait surtout pas le rompre, et continuer à faire de l’antenne, informer, divertir, rassurer. » Jacques Iribarren évoque « plus de 50 % de perte de chiffre d’affaires en mars », et un mois d’avril « terrible ». « Certaines radios souffrent d’une perte d’au moins 80 % du chiffre d’affaires », reprend-il.
Une crise « sans précédent », qui a fortement affecté les radios régionales d’Occitanie, qui emploient 124 salariés. « Nous n’avons pas vraiment de visibilité sur la suite, nous ne savons pas ce que va donner l’été, ni si ça va repartir en septembre », note le fondateur de 100 %.
Dans leur lettre, en avril, les radios regrettaient aussi que certaines institutions allouent des budgets à Facebook ou Google plutôt que de soutenir leurs antennes. « Nos emplois, nous, ils sont là, dans nos territoires, rappelle François-Xavier Delacoux. Dans des crises comme celle que nous avons traversée, il faut faire des choix différents, un peu de patriotisme économique ne fait pas de mal. » Pour donner un coup de pouce aux commerces du coin (et montrer l’exemple), les radios régionales d’Occitanie s’apprêtent à leur offrir 300 000 € de publicité. « Nous avons un devoir d’aider, reprend Jacques Iribarren. Nous avons de l’espace publicitaire, alors autant en faire profiter les commerces locaux. Et c’est aussi un moyen de démontrer à quel point le média radio est efficace. »