La réorganisation du temps de travail à l’hôpital au coeur des discussions du plan santé
Olivier Véran doit lancer ce lundi des négociations avec des syndicats et des collectifs de soignants
Cette fois, le gouvernement prépare un grand plan de financement de l’hôpital public. C’est en tout cas ce qu’a avancé le ministre de la Santé. Le 17 mai, dans Le JDD, Olivier Véran a promis, à compter de ce lundi, un « Ségur de la santé » (sur le modèle d’un Grenelle). Il réunira syndicats et collectifs pour discuter revalorisation salariale et réorganisation du temps de travail.
Ce second pan des négociations inquiète les soignants. Olivier Véran s’est voulu rassurant : « Il ne s’agit pas d’obliger des gens à travailler davantage, mais de créer un cadre beaucoup plus souple pour permettre à ceux qui le souhaitent de le faire, ou d’organiser leur temps de travail différemment.»
«Si on tend plus la corde…»
Avec ces annonces encore floues, certains imaginent que, au lieu d’augmenter les salaires, le gouvernement propose de revenir sur les 35 heures. Et plus largement d’inviter à travailler plus pour gagner plus. «Le taux de rémunération horaire doit être remonté au préalable, introduit François Salachas, porte-parole du Collectif inter-hôpitaux. Sur l’organisation, savoir si une partie du personnel soignant voudra faire des heures supplémentaire mieux payées, c’est une autre question. Il ne faut pas considérer que l’un dépend de l’autre.
Le deal “on augmente le taux horaire, mais, en échange, on abandonne les 35 heures” ne passera pas auprès des soignants. »
«On plaiderait plutôt pour qu’il y ait davantage d’infirmiers, réagit Patrick Chamboredon, président de l’ordre des infirmiers. Aujourd’hui, certains d’entre nous ont beaucoup donné et se demandent s’ils vont continuer dans la profession. Si on tend encore plus la corde, avec moins de repos, c’est risqué. » On en revient toujours au même problème : l’attractivité de métiers indispensables qui ont du mal à séduire. «L’objectif de notre collectif, c’est de changer la donne pour qu’on puisse recruter», insiste le porte-parole du Collectif inter-hôpitaux.
Pour William Bottaro, associé santé au sein du cabinet de conseil Mazars, remettre sur la table la question du temps est une piste intéressante. « Depuis plusieurs années, certains établissements ont renégocié les accords pour plafonner le nombre de jours de RTT à 15 par an. Il faudrait aujourd’hui repenser le temps de travail au regard des flux. L’activité est plus importante certains jours, certaines saisons. Il faut sortir d’un cadre rigide et permettre à ceux qui le souhaitent de faire davantage d’heures. »