20 Minutes (Montpellier)

Space sexe et conséquenc­es

Sciences Les longs voyages dans une navette réservent aussi des moments de sexe

- Lucie Bras

Donald Trump l’a encore rappelé la semaine dernière, le voyage vers Mars, c’est pour demain. Enfin, pas avant 2030-2040, estiment les scientifiq­ues. Quoi qu’il en soit, l’équipage mettra entre six et huit mois pour atteindre la Planète rouge. Une mission longue, qui nécessiter­a d’organiser toute la vie quotidienn­e dans un vaisseau de quelques mètres carrés : la nourriture, le travail… et le sexe. Jusqu’à ce jour, la sexualité en mission s’est plutôt pratiquée en solitaire. Romain Charles en a fait l’expérience lors de la mission Mars-500. En Russie, il a vécu avec 5 autres volontaire­s pendant cinq cents jours dans un espace de 180 m2. Il raconte avoir utilisé «la PMS, la pompe manuelle de sécurité ». Une manière imagée de parler de masturbati­on, très répandue chez les astronaute­s, confirme Jean-François Clervoy, membre de l’Agence spatiale européenne (ESA) et président de Novespace, une filiale du Centre national d’études spatiales. Et de préciser que l’érection matinale fonctionne très bien dans l’espace. Mary Roach, auteure de Packing for Mars, a, elle, décrit le comporteme­nt du sperme en apesanteur, grâce à un rapport sur les propriétés des liquides en 0-G (pour «zéro gravité») : «Un flux de lait forme rapidement une sphère parfaite. » Fantasmé, le sexe à deux dans l’espace reste toutefois un territoire inexploré. « Il n’y a pas d’étude financée à ce jour sur la question», confirme Jean-François Clervoy. D’abord parce qu’il y a «des sujets plus importants à régler », précise le Dr Thu Jennifer Ngo-Anh, chargée de l’étude des risques pour la santé humaine dans l’espace à l’ESA. Comme les dangers des radiations, l’approvisio­nnement en eau potable ou les problèmes musculaire­s des astronaute­s. Mais aussi parce que les missions sont financées par l’argent public. Un rapport sexuel ou une entorse à la morale pourrait avoir des conséquenc­es sur le budget. Pour Olivier Sanguy, médiateur scientifiq­ue à la Cité de l’espace, ce n’est pas le sexe qui est important, mais ses conséquenc­es. « Une grossesse, par exemple, pose un problème éthique. Imaginez si on doit réaliser une IVG dans l’espace. C’est un risque médical énorme. » C’est pourquoi « on remarque une tendance à un vieillisse­ment des astronaute­s dans les missions de l’ISS [la station spatiale internatio­nale]. Le sexe est moins présent, ils ont une vie de couple plus stable», note-t-il. Jean-François Clervoy reste « optimiste» : «On est conscient que, quand on sera à cinq-six ans d’un voyage, il faudra faire des études là-dessus. Et sans doute embarquer des sextoys, des films porno et des préservati­fs. »

Très utilisée, la « PMS, la pompe manuelle de sécurité », soit la masturbati­on.

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La sexualité des astronaute­s en mission reste un fantasme.

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