Les adversaires en réalité virtuelle
Gilad et Abu Khaled, Jean de Dieu et Patient, Amilcar Vladimir et Jorge Al-
berto… Au quotidien, ils s’affrontent, mais, dans « The Enemy », ils nous parlent face à face. Grâce à cette exposition, qui se tient en première mondiale jusqu’au 4 juin à l’Institut du monde arabe, à Paris (5e), Karim Ben Khelifa, le créateur de l’exposition, confronte ceux qui portent en eux la violence, à travers leur histoire et leurs envies. A la frontière entre ces personnages, recréés en réalité virtuelle, le spectateur. Sur un banc, cinq visiteurs se lancent ensemble dans l’aventure. Les casques de réalité virtuelle les transportent dans un monde parallèle. « Le parcours est simple, on sait quoi faire, précise Karim Ben Khelifa. On a limité les divertissements pour maintenir la concentration à son niveau maximum. » Les deux ennemis débarquent. Après quelques minutes, on oublie l’aspect jeu vidéo et on a l’impression de parler à quelqu’un de réel, devant lequel on se place pour qu’il commence à parler. La voix de Karim Ben Khelifa pose alors une série de questions identiques, d’une voix très neutre, à chacun des ennemis. « Ce système permet de créer une vraie rencontre entre le spectateur et les combattants, de dépasser la violence du débat public, souligne le photographe. La mise en parallèle de discours aux nombreuses similarités sans aucun biais est aussi une belle réponse journalistique au populisme. » Le projet pousse à rencontrer l’autre, celui qui nous fait peur, tout en se terminant par une touche positive.