La région a un plan contre la mainmise de l’Espagne
Economie Face à la concurrence de l’Espagne, les producteurs s’organisent
Il suffit de se balader dans un supermarché pour s’en apercevoir. D’importants écarts de prix existent entre les fraises de Paca, où sont produites un tiers des fraises françaises en plein air, et celles, beaucoup moins chères, d’Espagne (lire l’encadré). Alors, les producteurs provençaux s’organisent pour faire face à cette concurrence. Avec une stratégie : miser sur la qualité pour obtenir une juste rémunération.
Un projet de label Rouge
Ainsi, l’appellation « fraise de Carpentras » est devenue en octobre 2016 une marque déposée à l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi). Portée par la confrérie de la fraise de Carpentras, cette initiative contraint les producteurs à n’utiliser ce label que si la fraise est produite et conditionnée dans le Vaucluse. « Avec cette marque, il y a un emballage différent, c’est une vitrine, se réjouit le président de la confrérie, Dominique Begnis. Il y a une grosse demande, notamment à Paris, et les prix ont suivi depuis le dépôt à l’Ipni. Une fraise d’Espagne est vendue 1,90 € / kg, contre 4,70 € pour une fraise française, et 7 € pour celle de Carpentras ! » Mais la confrérie veut aller plus loin. « Nous sommes en train de travailler avec l’appui de la chambre d’agriculture pour obtenir le label Rouge », confie Dominique Begnis. Le président de la confrérie espère ainsi « protéger la production dans le Vaucluse afin d’empêcher les autres produits de la concurrence ». De quoi « aider les producteurs à arriver à vivre de leurs fraises. » Une aspiration qui n’est pas sans rappeler l’initiative d’une autre productrice de fraises en Provence, Camille Poulet. Basée à Saint-Rémyde-Provence, la jeune femme est devenue en avril la première productrice de fraises labellisée C’est qui le patron. Cette marque, connue notamment pour son lait équitable, a décliné à la fraise son principe de juste rémunération et de cahiers des charges strictes choisies par les consommateurs. Sa fraise est ainsi vendue 4,35 € la barquette de 250 g. Mais c’est la démarche qui a séduit Camille Poulet. « Cela fait une différence avec la concurrence, explique-t-elle. Le produit est très identifié, et le consommateur a certains gages qualitatifs. On ne peut pas comparer cette fraise avec les fraises espagnoles ! » Près de 16 561 t de ces fruits ont été produit dans le sud-est de la France depuis le début de l’année.