Les partis sont-ils des boîtes comme les autres ?
Budgets en baisse obligent, PS, LR, FN... coupent drastiquement dans leurs dépenses
Des mouvements politiques en état d’anémie. La présidentielle, puis les législatives perdues représentent un coup dur pour les partis traditionnels. La baisse des dotations publiques liées aux revers électoraux et la lente désaffection des adhérents qui ne renouvellent plus leur cotisation sont autant de rentrées en moins dans les caisses de ces formations. Ainsi, pour faire face à un manque à gagner de 100 millions d’euros sur cinq ans, en plus de la mise en vente de son siège parisien, rue de Solférino (7e), le Parti socialiste a annoncé se séparer de soixante salariés sur cent, provoquant l’émotion des intéressés. Chez les républicains, qui accusent 55 millions d’euros de dette, nombreux sont ceux à penser, tel le secrétaire général Bernard Accoyer, à quitter le siège de la rue de Vaugirard. La question d’un déménagement du « Carré » à Nanterre se pose aussi au Front national alors qu’approche la fin du bail, six ans après la vente définitive du « Paquebot » à Saint-Cloud. Chez les écologistes d’EELV, la situation est elle aussi tendue. L’inspection du travail a refusé deux licenciements économiques,et trois autres membres demandent une réintégration à leur poste.
« Financements occultes »
Licenciements, ventes des locaux… Les partis sont-ils devenus des entreprises comme les autres ? « Non, même si les procédures de recrutement et la gestion du personnel ou des finances peuvent se rapprocher de celles des entreprises économiques », juge Michel Offerlé, professeur de sciences politiques. Toutefois, leur situation est d’autant plus criante que « les autres sources, illégales, voire plus ou moins tolérées, se sont taries, poursuit-il. Il est de plus en plus difficile de faire travailler au parti des salariés qui sont embauchés sur d’autres fonctions. » Endettés, les partis peuvent-ils alors mourir? « Rares sont ceux qui ont disparu, ils se sont recréés sous d’autres sigles, éclaire Michel Offerlé. Le Parti radical ou le Parti communiste, qui ont été les deux partis les plus consistants de la IIIe et de la Ve République, existent toujours, sous une forme anémiée. » A ses yeux, tous les partis ont pu profiter, pour assurer leur pérennité, « des financements occultes qui, sans doute, continuent mezza voce ». Accusée de nombreux maux, la forme traditionnelle des partis est pourtant loin d’être morte en France. « C’est du côté de La France insoumise qu’il y a sans doute le plus d’innovation pour sortir de la verticalité organisationnelle, mais elle reste ambivalente eu égard à la place prise par Jean-Luc Mélenchon dans ce mouvement. »
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