« Le milieu hospitalier, c’est une machine à broyer les étudiants »
Ce métier d’infirmier, il en rêvait. Mais ça, c’était avant. Justin, 25 ans, vient d’arrêter son cursus en institut de formation en soins infirmiers (Ifsi). Il ignore encore si cette pause sera définitive. « Je ne sais pas si je vais reprendre mes études, je me pose beaucoup de questions », confie-t-il.
« Au départ, ce métier m’attirait. Je ne voulais pas être médecin, mais la proximité de l’infirmier avec ses patients me fascinait, raconte-t-il. Je me disais que je ne m’ennuierai jamais, que cette profession serait stimulante intellectuellement. » Alors, quand il intègre son Ifsi, le jeune homme bosse comme un fou. Il sacrifie son temps libre, mais c’est pour la bonne cause. « Je fournissais en moyenne quinze heures de travail personnel par semaine. » Il décroche sans mal sa première année. Mais c’est lors du stage de deuxième année que les choses se gâtent.
Il est affecté au service de chirurgie viscérale d’un hôpital. « On ne nous donnait que des toilettes de patients à faire et du rangement de médicaments, se remémore-t-il. Ça fait partie du boulot, et nous le faisions sans problème, mais nous étions cantonnés à ces tâches, sans pouvoir apprendre des gestes plus techniques ou à faire du soin. » L’ambiance est délétère : « On était rabaissés tout le temps, ça ressemblait à du harcèlement. Un de mes camarades se cachait aux toilettes pour pleurer. Moi aussi, un jour, j’ai craqué. »
« On était rabaissés tout le temps. » Justin, étudiant infirmier
Aucune solution de l’équipe éducative
Justin décide d’en parler à ses responsables, à l’hôpital, mais son quotidien ne change pas. Il se confie aussi à l’équipe éducative de l’Ifsi : « On m’a dit qu’il n’y avait pas de places de stage ailleurs. » À bout de nerfs, il fait le choix de reporter son stage l’année suivante et consulte un psychiatre, qui lui conseille de faire une pause. Pour l’heure, c’est plutôt des sentiments négatifs qui le traversent : « Le milieu hospitalier ne me fait plus envie. Les stages là-bas, ce sont des machines à broyer les étudiants. »