Macron reprend la main sur le dossier des banlieues
Banlieue L’exécutif va dévoiler des mesures mais pas le plan d’envergure souhaité par l’ex-ministre
Un pavé dans la mare. Le 26 avril, Jean-Louis Borloo, rend son rapport de 164 pages sur les banlieues. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy a été missionné par Emmanuel Macron afin de réaliser ce travail. Mais la médiatisation de l’action de l’ex-maire de Valenciennes ne plaît pas à l’Elysée, qui remet la main sur ce dossier. Ce mardi, le président de la République reçoit des acteurs (politiques, associatifs, éducatifs…) et des habitants des banlieues pour parler avec eux et faire, dans la foulée, quelques annonces. Ces rencontres du jour à l’Elysée sont une façon implicite de tempérer les ardeurs de Jean-Louis Borloo qui sillonne les villes de banlieue pour réunir les élus locaux autour de son programme, dont l’addition s’élève à 48 milliards d’euros. Une facture qui refroidit l’exécutif. « Borloo a instauré un bras de fer avec Macron, déplore un acteur de terrain, proche de l’ancien ministre. Surmédiatiser ce rapport, annoncer sa publication avant l’exécutif et s’entourer de maires démissionnaires, c’était maladroit, comme une provocation à Macron. » Un mois après la remise du rapport, le chef de l’Etat fera des annonces, ce mardi. « Sa réflexion s’appuie sur bien d’autres éléments que le rapport Borloo, qui est une initiative parmi d’autres », tempère la présidence, qui cite les travaux du groupe Politique de la ville formé par une cinquantaine de députés macronistes en décembre et le conseil présidentiel pour les villes, créé par Emmanuel Macron. Cette séquence sur les banlieues donne le sentiment qu’un match entre les territoires et le sommet de l’Etat, tendu dès le début du quinquennat, est en train de se rejouer. A deux ans des municipales, les élus locaux veulent se faire entendre à l’Elysée. « Après le débat sur le budget 2018, on était déçu car il n’y avait pas grand-chose sur les quartiers », se souvient la députée LREM du Nord, Catherine Osson. Mêmes attentes fortes du côté des maires. « La parole présidentielle ne peut pas être en deçà du rapport Borloo », estime le maire (PCF) de Grigny Philippe Rio qui attend, pour sa part, « une parole forte, républicaine et qui redonne confiance ».
« Surmédiatiser ce rapport, comme une provocation à Macron. » Un proche de Jean-Louis Borloo