« Notre sécurité à tous est menacée » La mémoire gagnante
Les Français se passionnent pour les sites historiques
Londres, Berlin, Paris et Washington ont estimé, jeudi, dans un communiqué
commun, que la responsabilité russe était la seule explication « plausible » à l’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille, la semaine passée en Angleterre. La veille, Theresa May avait affirmé que la Russie était « coupable » de l’empoisonnement. Avec cette « atteinte à la souveraineté britannique », « c’est notre sécurité à tous qui est menacée », ont-ils souligné. Les quatre alliés ont appelé en conséquence la Russie à « répondre à toutes les questions liées à l’attaque (…), et à déclarer (…) son programme Novitchok à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ». Arme chimique redoutable s’attaquant au système nerveux, le « Novitchok » (« nouveau venu » ou « petit nouveau » en russe) aurait été conçu dans le plus grand secret par des scientifiques soviétiques dans les années 1970-1980. Jeudi, Moscou a nié avoir jamais mis au point la substance incriminée.
Deux répliques d’avions de guerre sont suspendues au plafond du Salon mondial du tourisme, qui a ouvert ses portes jeudi à Paris (Porte de Versailles, 15e). Une scénographie venue souligner l’importance du tourisme de mémoire ces dernières années en France. Il est en effet devenu en quelques années « un facteur d’attraction, a souligné la secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq. En 2016, il a attiré en France 12 millions de visiteurs, dont un million de scolaires. » Parmi les sites les plus fréquentés (tout autant par des Français que des étrangers) figurent le Mémorial de Caen, Utah Beach, le Mémorial de Verdun, le cimetière de Colleville-sur-Mer, le musée de l’Armée, les champs de bataille de la Somme et des Ardennes…
Efforts de modernisation
Cet engouement pour le passé, Geneviève Darrieussecq l’explique par « le goût des Français pour la généalogie, leur appétence au travail de mémoire, la volonté de retrouver leurs racines ». Un avis que partage Annick Vidal, commissaire adjointe du salon : « Les attentats terroristes survenus en France ont ravivé le besoin de nos compatriotes de renouer avec l’histoire de leur pays. C’est aussi un moyen de découvrir un territoire de façon intelligente. On peut, par exemple, visiter le musée Somme 1916 et effectuer une randonnée à cheval dans la région. » Les commémorations, comme celles des 70 ans du débarquement, en 2014, et du centenaire de la Première Guerre mondiale, qui viennent de débuter, donnent de la visibilité aux lieux patrimoniaux », précise Caroline Marchal, chargée d’études tourisme de mémoire au ministère des Armées. Mais ce regain d’intérêt des touristes a aussi été suscité par les efforts entrepris pour la modernisation des sites. « On est loin des musées ou des lieux poussiéreux qui étaient uniquement gérés par des associations. Les collectivités territoriales et le ministère des Armées ont mis la main à la poche pour réhabiliter certains d’entre eux », note Annick Vidal. Entièrement restauré, le Mémorial de Verdun a rouvert en 2016 et « propose une approche plus interactive avec une visite virtuelle, des films d’époque… », poursuit-elle. L’idéal pour attirer plus de jeunes. « Sur le champ de bataille de Verdun, nous organisons un jeu intitulé “Vadrouille la Grenouille”, pour faire découvrir le site aux enfants de manière plus ludique », illustre Lionello Burtet, directeur de l’office de tourisme du Grand Verdun. Autre innovation : la création de spectacles son et lumière faisant la part belle aux événements historiques, comme à Pozières (Meuse) ou à Bridiers (Creuse). Ce succès du tourisme de mémoire n’est pas près de se démentir en 2018. « Cette année, le musée de la Clairière de l’Armistice, à Compiègne, va rouvrir », cite, entre autres, Annick Vidal.