‘‘Pour la Côte d’Ivoire, la transformation est la clé de la maîtrise de la filière’’
Monsieur le directeur général, quelle est la situation de la filière cajou en Côte d’Ivoire ?
La noix de cajou en Côte d’Ivoire, à l’image de l’ensemble de la filière mondiale actuelle, traverse une période de doute. En effet, les prix bord champ ont connu une baisse, depuis l’année dernière, dans la plupart des pays producteurs.
Or, le producteur est le maillon essentiel de la filière. Malheureusement, chaque année, le prix des amandes baisse. Depuis 2018, nous sommes dans une tendance baissière constante. Face à cette situation, la tentation est de réduire le prix de la matière première, ce qui entraîne des baisses au bord champ. Cette situation n’est ni juste ni équitable, car le consommateur final paie toujours les amandes au prix fort. En effet, lorsque vous allez au magasin, vous ne constatez jamais de baisse du prix des amandes pour le consommateur final, que ce soit en Europe, aux États-Unis ou en Inde.
Quelle est la riposte de la filière face à cette situation ? Il y a clairement un jeu qui n’est pas favorable aux pays producteurs. C’est pourquoi nous devons nous unir. C’est dans ce contexte que s’inscrit la pertinence de la 6e session du Conseil international consultatif du cajou (Cicc) qui s’est tenue à Accra, au Ghana. Née en 2016, cette organisation a fait du chemin et rassemble aujourd’hui 11 pays membres. Malgré l’absence d’un pays pour des raisons internes, tous les autres ont mobilisé leurs experts. La présence remarquable du ministre d’État Kouassi Adjoumani, président en exercice de l’organisation, qui a passé le flambeau à son collègue du Ghana, illustre la cohésion et l’engagement des pays membres. Le Cicc est devenu une organisation de plus en plus visible, ce qui conforte la Côte d’Ivoire dans son choix d’avoir soutenu sa création. Je rappelle que le siège de l’organisation est à Abidjan et bénéficie de toutes les facilités dues à une organisation internationale. L’équipe du secrétariat exécutif, basée à Abidjan, travaille en étroite collaboration avec les autorités ivoiriennes.
Les producteurs devraient-ils désespérer de cette situation ?
Non, malgré des moments de doute, la Côte d’Ivoire est sur la bonne voie. Le pays s’attache à maximiser la valeur ajoutée de la filière en transformant localement. Les volumes transformés sont passés de 57 000 tonnes en 2019 à 265 000 tonnes en 2023, soit cinq fois plus qu’en 2019. Comparé à la période de réforme de 2014, où 28 000 à 32 000 tonnes étaient transformées en Côte d’Ivoire, les progrès sont considérables. Le pays se positionne aujourd’hui comme premier transformateur africain, troisième transformateur mondial après le Vietnam et l’Inde et, surtout, deuxième fournisseur d’amandes dans le monde.
Des pays autres que ceux d’Asie s’intéressent-ils au cajou ivoirien ? Récemment, une délégation américaine de haut niveau, comprenant le président de l’Association of Industry et la présidente de l’association Patnpa (Peanuts and Tree Nuts Processors Association), s’est rendue en Côte d’Ivoire pour constater l’essor de la transformation de la noix de cajou. Fortement impressionnés, ils ont adressé des éloges à la Côte d’Ivoire. Ces commentaires positifs confirment la position de leader du pays dans la transformation de la noix de cajou.
Pour la Côte d’Ivoire, la transformation est la clé de la maîtrise de la filière. En tant que premier producteur mondial, le pays a l’ambition de jouer un rôle déterminant dans l’avenir de la filière cajou à l’échelle mondiale.