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FEQ : Finale décadente avec Mötley Crüe

- Kathleen Lavoie

C’est les guitares dans le prélart et le volume dans le piton que les dernières heures du 56e Festival d’été de Québec se sont égre‐ nées, sur les plaines d’Abra‐ ham, dimanche. Avec ses envolées vocales suraiguës, ses guitares incendiair­es et sa rythmique implacable, Mötley Crüe n’a, à son habi‐ tude, pas donné dans la dentelle!

Alors que la musique de Mozart retentissa­it sur des Plaines bondées peu avant 21 h 30, les festivalie­rs ne sa‐ vaient pas ce qui les atten‐ dait quand Mötley Crüe est fi‐ nalement montée sur scène. Après une intro vidéo sous forme de bulletin de nou‐ velles, la tonitruant­e machine glam métal de la formation californie­nne s’est mise en marche avec Primal Scream, une pièce parue sur la com‐ pilation Decade of Deca‐ dence, en 1991.

Le groupe formé du chan‐ teur Vince Neil, la voix haute perchée et très souvent erra‐ tique, du guitariste virtuose John 5, du bassiste flegma‐ tique Nikki Sixx et de l’exubé‐ rant batteur Tommy Lee s’est vite montré fidèle à luimême.

Proposant un programme généreux en succès, le qua‐ tuor a offert des versions honnêtes de ses classiques tels que Shout at the Devil, Dr Feelgood, Same Ol Situa‐ tion, Girls Girls Girls et Kicks‐ tart My Heart, les quatre der‐ nières livrées en toute fin de prestation.

À la guitare, le remplaçant de Mick Mars, John 5 s’est, dès le début du spectacle, illustré en faisant chanter sa Telecaster avec doigté. Il a toutefois poussé la note un peu trop loin lors d’un solo de guitare où il s’est adonné à des exploratio­ns bruitistes avec ses pédales d’effets.

Bien servis par les nou‐ veaux écrans géants des Plaines, les membres de Möt‐ ley Crüe, qui ne sont plus exactement des bêtes de scène, étaient également ap‐ puyés de deux choristes fai‐ sant office de danseuses sexy. Le genre d'ajout qui fait sourciller en 2024.

Tout comme le discours décadent de Tommy Lee qui s’est avancé au-devant de la scène pour se plaindre de ne pas voir suffisamme­nt de bière et de… seins dans la foule. Quelques spectatric­es ont alors répondu à son ap‐ pel, exhibant leurs poitrines sur les écrans géants, dans un moment qui n’était pas particuliè­rement édifiant.

Tout juste avant, Mötley Crüe s’était amusé à interpré‐ ter un pot-pourri plutôt réussi de classiques principa‐ lement punk-rock, avec les Rock and Roll Part 2 de Gary Glitter, Helter Skelter des Beatles, Anarchy in the UK des Sex Pistols, Blitzkrieg Bop des Ramones et Fight For Your Right des Beastie Boys, ainsi que de sa propre chan‐ son, Smokin’ In the Boys Room.

À la fin de cette prestation de près d’une heure et de‐ mie, qui a culminé avec l’ex‐ plosive Kick Start My Heart, les festivalie­rs semblaient rassasiés de musique. On était toutefois bien loin de Mozart.

Seether sans artifice

Née dans la mouvance du nu-metal, à l’aube des an‐ nées 2000, la formation sudafricai­ne Seether, depuis longtemps installée aux États-Unis, a offert une pres‐ tation à l’état brut, sans au‐ cun autre artifice que son rock sale et pesant.

À l’avant-scène, le chan‐ teur et guitariste Shaun Mor‐ gan, qui n’a montré aucune émotion de toute la presta‐ tion, semblait emprisonné dans l’ambiance noire et mé‐ lancolique que charrie sa musique.

Autour de lui, les autres membres de la formation s’activaient un peu plus, no‐ tamment le guitariste Corey Lowery et le batteur John Humphrey, et fort heureuse‐ ment, parce que ça n’aurait pas donné grand-chose à voir, autrement.

Brisant la glace avec trois titres de l’album qui les a fait connaître, Disclaimer (2002), Seether a enfilé les Gasoline, Fine Again et l’acoustique Broken - une pièce qu’une spectatric­e avait réclamé, af‐ fiche au bout des bras avant que Morgan n’adresse un timide Merci! à une foule attentive.

Avec une basse et une batterie à l’avant et des gui‐ tares perdues dans un magma sonore de réverbéra‐ tions, il était souvent difficile d’apprécier le travail du chan‐ teur, dont on perdait un peu la voix dans la balance de son.

Des pièces comme Rise Above This, Nobody Praying For Me et Remedy, leur grand succès interprété en toute fin de programme, ont apporté un peu plus d’éner‐ gie sur scène. Le tout s’est conclu dans un excès de dis‐ torsions sonores, dont on se remet encore.

Lee Aaron, toujours la reine

Peu de femmes ont porté le flambeau du métal dans les années 80. Lee Aaron fai‐ sait partie de ce petit groupe de reines du métal, qui avaient tout pour elles. Avec sa voix puissante, son look sexy, sa crinière de lionne et sa guitare acérée, elle a réussi à s’imposer dans un monde d’hommes et sur les palmarès avec quelques titres comme Whatcha Do to MY Body, Metal Queen et Sex With Love.

Dans sa prestation de dé‐ but de soirée, la musicienne ontarienne n’a pas manqué d’inclure tous ces titres qui ont marqué une génération, mais a tout de même choisi d'ouvrir avec une pièce de 2021, Vampin’, en guise de présentati­on .

Il faut dire que le matériel récent se fond à l’ancien comme s’il avait été écrit à la même époque, comme on a pu le constater avec la transi‐ tion sans heurts vers Hands On, succès de 1989 qui se re‐ trouvait sur son album le plus important en carrière, Bodyrock.

Bonjour Québec! Com‐ ment ça va, ce soir? Êtesvous prêts à rocker?, a-t-elle demandé à moitié en fran‐ çais, à moitié en anglais.

La chanteuse, elle, était certaineme­nt prête! Toujours aussi dynamique sur scène et très en voix, elle s’est don‐ née à fond, y allant même d’un coup de pied dans les airs comme à la belle époque.

Entourée de son fidèle groupe de musiciens, le gui‐ tariste Sean Kelly, le bassiste Dave Reimer et le batteur qui est aussi son conjoint John Cody, elle a livré un sans faute, qui s’est conclu, comme la chanson Fire and Gasoline, avec l'explosion de Metal Queen et Whatcha Do to My Body. Solide presta‐ tion.

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