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Taxe sur l’essence : réduisez plutôt la taxe provincial­e, disent les députés fédéraux

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Le premier ministre de l’Îledu-Prince-Édouard sou‐ haite qu'Ottawa réduise sa taxe sur le carbone. Les quatre députés fédéraux de la province proposent plutôt à Dennis King de ré‐ duire sa propre taxe sur l’essence.

Si votre préoccupat­ion est que le prix de l'essence soit abordable, nous croyons, res‐ pectueusem­ent, que vous vous trompez de taxe.

C’est ce qu’ont écrit les dé‐ putés libéraux dans une lettre au premier ministre da‐ tée du 15 avril et récemment diffusée sur les médias so‐ ciaux.

En mars dernier, Dennis King avait envoyé une lettre au premier ministre Justin Trudeau pour lui demander de suspendre l’augmentati­on de la taxe carbone, qui est entrée en vigueur le 1er avril.

De nombreux résidents de l’île sont confrontés à de graves problèmes financiers, avait-il écrit dans sa lettre. L'augmentati­on du coût de l'essence et du diesel fait continuell­ement grimper le coût des biens, des services et de la nourriture pour les habitants de l'île.

Justin Trudeau avait ré‐ pondu par écrit aux premiers ministres des provinces qui demandaien­t que l’augmen‐ tation soit suspendue que son gouverneme­nt était dis‐ posé à collaborer avec eux pour établir leurs propres plans de tarificati­on du car‐ bone, à condition qu’ils at‐ teignent ou dépassent les ob‐ jectifs nationaux de réduc‐ tion des émissions.

Les députés fédéraux croient que l'île peut ré‐ duire sa taxe

Dans leur lettre, les quatre députés libéraux fé‐ déraux de l’île, Sean Casey, Lawrence MacAulay, Heath MacDonald et Robert J. Mor‐ rissey, ciblent la taxe provin‐ ciale sur l’essence.

Comme vous le savez, une taxe provincial­e sur l'essence de 8,5 cents par litre n'est pas remboursée aux habi‐

tants de l'île. Y a-t-il une rai‐ son pour laquelle cette taxe n'a pas été suspendue, écrivent les députés.

Le député de Malpeque, Heath MacDonald, fait re‐ marquer que d’autres pro‐ vinces ont accordé un sursis aux résidents sur les taxes provincial­es sur l’essence.

L'Île-du-Prince-Édouard pourrait faire de même. C'est un ajustement que la pro‐ vince a la possibilit­é de ré‐ duire. Si elle le voulait, elle pourrait le faire, dit-il.

Quatre taxes différente­s s'appliquent aux prix des car‐ burants à l'Île-du-PrinceÉdou­ard : la taxe fédérale, une taxe provincial­e, la taxe carbone et la taxe de vente harmonisée (TVH). Les re‐ cettes provenant de la per‐ ception de la TVH sont parta‐ gées entre les gouverne‐ ments fédéral et provincial.

La taxe provincial­e est de 8,5 cents le litre pour l’es‐ sence et de 14,2 cents pour le diesel. La province a réduit cette taxe en 2019, lorsque la taxe sur le carbone avait été mise en oeuvre.

Selon le ministre fédéral des Finances, le ménage in‐ sulaire moyen dépensera 628 $ en coûts directs et indirects liés à la tarificati­on sur le car‐ bone cette année. Parallèle‐ ment, Ottawa prévoit que le ménage moyen recevra 801 $ en remboursem­ent.

Les quatre députés ont in‐ diqué qu'ils n'avaient pas re‐ çu de réponse du bureau du premier ministre au sujet de leur lettre.

Un porte-parole du pre‐ mier ministre a déclaré que le premier ministre n’avait rien à ajouter au débat.

Baisser les taxes, ce n’est pas la solution, dit un expert

Pierre-Olivier Pineau, pro‐ fesseur au HEC à Montréal et titulaire de la Chaire de ges‐ tion du secteur de l’énergie, affirme que la taxe provin‐ ciale sur l’essence joue un rôle très important pour l’Îledu-Prince-Édouard.

Abolir des taxes est rare‐ ment une bonne solution, ça peut faire plaisir à court terme, mais ce n’est pas une solution structurel­le. Donc l’Île-du-Prince-Édouard aurait moins de financemen­t pour financer les routes, financer différents éléments.

Il croit même que cette taxe provincial­e devrait être augmentée pour financer le réseau routier qui, autre‐ ment, serait déficitair­e.

Au Canada, on consomme grosso modo 1000 litres d'es‐ sence par personne par an‐ née. Évidemment, on a une certaine sensibilit­é parce qu’on se sent très dépendant du prix.

Pierre-Olivier Pineau, pro‐ fesseur et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie

Il ajoute que la taxe fédé‐ rale sur le carbone ne repré‐ sente pas l’essentiel des aug‐ mentations du prix à la pompe, bien au contraire. L’augmentati­on est de trois cents de litre depuis le 1er avril, ajoute-t-il.

Il soutient que la taxe car‐ bone est un élément essen‐ tiel pour lutter contre les changement­s climatique­s, mais aussi un indicateur aux consommate­urs qu’il est temps de changer les sources d’approvisio­nnement en énergie.

Il faut cesser de regarder le prix à la pompe, il faut se concentrer sur faire baisser sa facture individuel­le d’éner‐ gie, lance-t-il, en donnant comme exemple de réduire nos déplacemen­ts ou utiliser des véhicules plus petits ou électrique­s.

D’après un reportage de Kerry Campbell CBC et de Ju‐ lien Lecacheur de Radio-Ca‐ nada

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