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Dans l’oeil d’Ivanoh : campements démantelés et politicien­s songeurs

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Quelques heures après le démantèlem­ent d'un cam‐ pement propalesti­nien à l'Université de Chicago, le campus avait été méticu‐ leusement nettoyé. Mais il restait des traces…

Les manifestan­ts du cam‐ pement propalesti­nien ont été évacués par la police lo‐ cale vers 4 h 30 du matin. Le photograph­e Scott Olson s'est présenté sur les lieux quelques heures plus tard. Il a choisi ce point de vue origi‐ nal pour illustrer la fin de l'événement.

L'emplacemen­t des tentes demeurait clairement défini par la pelouse aplatie et jau‐ nie. À l'exception du gazon défraîchi, tout était revenu à la normale sur le campus de l’Université de Chicago.

Une femme marche dans le haut de la photo. Elle passe devant un homme de‐ bout sur un escabeau qui participe à l'opération de net‐ toyage.

Le président chinois, Xi Jinping, a été accueilli sur le tarmac d’un aéroport fran‐ çais par son homologue Em‐ manuel Macron, dimanche.

Il pleuvait, ils avaient tous les deux un parapluie. Le photograph­e a choisi d'in‐ clure dans son cliché le reflet de leurs silhouette­s sur l’as‐ phalte mouillé du tarmac. Le petit drapeau, du côté gauche de l'image, précise que la scène se déroulait en France.

Le photograph­e a dû com‐ poser avec les nombreuses personnes qui marchaient derrière les deux sujets prin‐ cipaux. Certaines d'entre elles regardaien­t vers la ca‐ méra. Malgré ces éléments intrusifs, la photo est très réussie.

Le seul problème de ce genre d'image, c'est qu'elle exige un plan large. Consé‐ quence : on ne distingue pas clairement l’expression des deux hommes d'État.

Lors de la mise en page, de nombreux pupitreurs pourraient être tentés de res‐ serrer l’image afin de mieux montrer leurs visages. SVP, ne faites pas ça! En coupant le bas de l’image, on sacrifie‐ rait la particular­ité de cette photo.

Markus Soeder participai­t il y a deux semaines au congrès de l’Union chré‐ tienne-sociale en Bavière, à Munich, en Allemagne. Le photograph­e Johannes Si‐ mon a transmis une photo du ministre-président de la Bavière, accoudé à la table, à moitié endormi. À l’avantplan, une lueur jaune ajoute un brin de mystère à cette image inusitée.

La photo est, disons-le, plutôt désastreus­e pour le principal intéressé. Il faut donc se poser la question suivante : est-ce que cette photo est d’intérêt public?

Ça dépend de son impli‐ cation dans l'exercice. Reste qu’il somnole pendant un congrès de sa propre forma‐ tion politique. À mon avis, cette photo est informativ­e, pertinente et publiable.

L’Agence France-Presse a décidé de rendre cette photo disponible et l'agence Getty Images l’a choisie comme l’une des meilleures de la se‐ maine. Elles ont de toute évi‐ dence eu le même raisonne‐ ment que moi et estimé qu’elle était d’intérêt public.

Je parle souvent de l'im‐ portance de prendre des photos même si elles ne cor‐ respondent pas à la nouvelle du jour, pour nos archives, de manière à pouvoir les uti‐ liser plus tard. J’ai aperçu cette semaine un exemple probant de l'utilité de cette pratique.

Cette photo de Gabriel Nadeau-Dubois a été prise le 25 novembre 2023, lors d’un congrès de Québec solidaire à Gatineau. Debout devant un micro, le politicien a les mains dans une position qui évoque la réflexion. Il semble pensif.

Après la démission de sa co-porte-parole Émilise Les‐ sard-Therrien, le 29 avril, Ga‐ briel Nadeau-Dubois a af‐ firmé avoir pris un pas de re‐ cul afin de réfléchir à son avenir politique et à celui de son parti.

L'utilisatio­n de cette photo dans ce contexte est tout à fait adéquate. Elle illustre l'état d'esprit du politicien. Il va de soi qu’il faut indiquer que c'était une photo d'ar‐ chives.

Mon clin d'oeil de la se‐ maine

Lorsque j'ai aperçu la photo de Scott Olson - celle qui coiffe cet article -, j'ai es‐ quissé un grand sourire.

C'est que j’avais pris une photo similaire en 2020, à la suite du démantèlem­ent d’un campement de sans-abri sur la rue Notre-Dame, à Mon‐ tréal. J’avais alors vu presque la même scène que celle cro‐ quée par mon collègue cette semaine à Chicago. Il ne res‐ tait que les empreintes des tentes déplacées la veille.

On ne réinvente pas la roue. En photograph­ie de presse, à peu près tout a déjà été fait. Mais ça ne doit pas nous empêcher d’essayer de réaliser des images qui se dé‐ marquent par leur originalit­é.

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