Les micro-organismes au secours des agriculteurs
Dans la porcherie d’Alexandre Caron et de Nathalie Paquet, à L’Islet, dans Chaudière-Appa‐ laches, des cochons lèvent le groin au ciel. Ils ont re‐ connu le signal de leur douche quotidienne. Pen‐ dant quelques minutes, de petites buses fixées au pla‐ fond pulvérisent un liquide incolore.
À quelques kilomètres de là, à Saint-Pierre-de-la-Ri‐ vière-du-Sud, Frédérick Blais, un producteur laitier, par‐ court l’enclos de ses vaches, équipé d’un pulvérisateur dorsal. Il asperge la litière souillée par les déjections des animaux.
Dans les deux cas, le li‐ quide a un effet étonnant : les odeurs émanant des bâti‐ ments sont grandement atté‐ nuées.
Ça sent beaucoup moins fort dans les ventilateurs, [...] ça sent moins fort aussi à l'épandage. Étant donné que la ferme est proche de la maison, on est juste contents, confie Nathalie Pa‐ quet.
À la ferme de Frédérick Blais, l’agronome Félix Gobeil s’agenouille dans le parc des veaux. Il gratte la surface de la litière et en saisit une poi‐ gnée, qu’il porte à ses na‐ rines. C’est gorgé d’urine et ça ne sent rien!
C’est lui qui a recom‐ mandé aux éleveurs d’ajouter des pulvérisations à leur rou‐ tine.
Mais qu’y a-t-il, au juste, dans le liquide vaporisé dans
ces fermes d’élevage?
Faire entrer dans la ferme la
Pour mieux illustrer de quoi il s’agit, Félix Gobeil nous donne rendez-vous dans un boisé au bout d’un champ.
L’agronome âgé de 29 ans gratte la litière de feuilles mortes au pied d’un grand érable. Ce qu’il récolte, sur ces feuilles humides et déjà bien décomposées, ce sont des bactéries, des levures, des champignons et d’autres micro-organismes présents naturellement dans l’environ‐ nement. Invisibles à l'oeil nu,
ils forment la base de l’éco‐ système.
C'est grâce à eux qu'on n'est pas ensevelis sous deux mètres de feuilles mortes, dit-il en souriant.
Dans une forêt, les élé‐ ments nutritifs provenant des débris végétaux et des excréments d’animaux sont sans cesse recyclés et les arbres cumulent une bio‐ masse impressionnante, sans aucune intervention hu‐ maine.
La forêt est un système naturel qui est autonome. Personne ne va fertiliser, per‐ sonne ne va arroser la forêt. Rares sont les maladies qui vont s'y implanter.
Félix Gobeil, agronome Dans le sol, à l’abri des re‐ gards, des bactéries ont la ca‐ pacité de capter l'azote de l'air, azote qui pourra ensuite être utilisé par les végétaux.
D’autres micro-orga‐ nismes arrivent à solubiliser le phosphore et le potassium qui se trouvent dans le sol, rendant ces éléments acces‐ sibles aux plantes. Tout un village de micro-organismes travaille ici dans l’ombre.
L'idée, c'est de venir récol‐ ter ces micro-organismes-là, puis de les intégrer dans notre système agricole, ex‐ plique Félix Gobeil.
Une approche venue de loin
Récolter les micro-orga‐ nismes de la forêt pour en‐ suite exploiter leur potentiel à la ferme peut sembler com‐ plètement farfelu. Pourtant, cette technique a été inven‐ tée en Corée du Sud il y a plus de 50 ans et elle est au‐ jourd’hui utilisée dans des di‐ zaines de pays, surtout dans les régions tropicales.
Dans les années 1960, Cho Hankyu, un fils d’agricul‐ teur, voyait les fermiers de son pays devenir de plus en plus dépendants des engrais chimiques et des pesticides. Il a donc mis au point une méthode qui allait permettre aux producteurs agricoles de fabriquer leurs propres in‐ trants, avec des ingrédients récoltés à la ferme.
Cette méthode est connue sous le nom d’ agri‐ culture naturelle coréenne, ou KNF (pour Korean natural farming).
Pour recueillir les microorganismes, Cho Hankyu se servait d’une boîte de riz po‐ sée en forêt. C’est aussi ce qu’utilise Alexandre Caron.
Le fond de la boîte, fait d'une moustiquaire, permet aux micro-organismes de le traverser et d’aller coloniser la céréale. Je suis allé porter deux petites boîtes de riz dans mon érablière. [Après une semaine], on a récolté ce riz-là, qui était vraiment ino‐ culé de petites mousses, de couleurs, de vert, de rose, de jaune…
Ramasser directement la litière de feuilles mortes est une autre façon de prélever des micro-organismes.
Pour éviter de devoir ré‐ colter à répétition en forêt, Cho Hankyu a eu l’idée de faire fermenter ces êtres mi‐ croscopiques avec du sucre et un substrat, comme du son de blé, histoire de les multiplier.
Chez Alexandre Caron, la solution mère de micro-orga‐ nismes est dans un grand ba‐ ril bleu à l’entrée de la por‐ cherie.
Ça fait un an et demi qu'elle est vivante et qu'elle se comporte très bien, dit-il.
Et au même titre qu’il doit veiller à l’alimentation de ses cochons, il doit nourrir ses micro-organismes, avec du sucre notamment. Je viens les nourrir au moins une fois par semaine pour garder en vie tout le microbiote, les le‐ vures, les champignons, les bactéries.
Chez Alexandre Caron, le fait d’inoculer des micro-or‐ ganismes dans la litière de paille des porcs a eu un im‐ pact non négligeable sur la charge de travail à la ferme.
Autrefois, le producteur devait nettoyer fréquemment les parcs et changer la litière, qu’il maintenait très mince. Aujourd’hui, ses cochons sont logés sur une épaisse couche de paille, beaucoup plus confortable.
En combinant ça avec des micro-organismes, on s'est rendu compte qu’on n’était plus obligé d'écurer ou de nettoyer aussi souvent pour la sortir, cette litière-là, sou‐ ligne M. Caron. Il y a eu une diminution de la charge d'ou‐ vrage.
La décomposition du fu‐ mier s’amorce directement dans les bâtiments.
Une pratique reconnue
Depuis 2012, le Départe‐ ment de l’agriculture des États-Unis reconnaît les sys‐ tèmes sur litière profonde inoculée de micro-orga‐ nismes comme faisant partie des bonnes pratiques d’éle‐ vage, notamment parce qu’ils réduisent les odeurs et qu’ils respectent le bien-être ani‐ mal.
Au Collège d’agriculture tropicale de l’Université d'Ha‐ waï, on étudie ces systèmes depuis plusieurs années.
En entrevue téléphonique, Michael Duponte, conseiller agricole récemment retraité de l’université, explique que les fermes qui ont adopté la litière profonde inoculée sont aujourd’hui très nombreuses dans l’archipel.
La croissance la plus ra‐ pide est désormais auprès des petits poulaillers de basse-cour. Des solutions de micro-organismes sont d’ailleurs vendues dans les supermarchés, raconte-t-il, ajoutant que cela permet de maîtriser les odeurs, mais aussi de combattre la pré‐ sence des mouches.
Même si l’usage de microorganismes est relativement récent chez lui, Alexandre Ca‐ ron se réjouit déjà des résul‐ tats.
On est des producteurs de porc, alors on est recon‐ nus, malheureusement, comme des producteurs qui dérangent un peu à cause des odeurs, admet-il.
Réussir à diminuer les odeurs, dit-il, c'est déjà un grand gain pour la cohabita‐ tion entre nous et nos voi‐ sins.
Des sols plus fertiles
Au-delà des odeurs, cette nouvelle façon de faire pro‐ cure d’autres avantages, car ajouter des micro-orga‐ nismes indigènes aux sols cultivés contribue à en amé‐ liorer la fertilité, selon diffé‐ rentes études menées un peu partout dans le monde.
Mais qu’en est-il ici? Pour y voir plus clair, Félix Gobeil a lancé cet automne un projet de recherche, en partenariat avec le ministère de l'Agricul‐ ture, des Pêcheries et de l'Ali‐ mentation du Québec (MA‐ PAQ), l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) et l’Université Laval.
Parmi ses objectifs : com‐ prendre la dynamique de l’azote dans des litières ino‐ culées de micro-organismes et mesurer les émissions de gaz à effet de serre. En effet, ces êtres microscopiques au‐ raient aussi le potentiel de réduire les émissions pol‐ luantes.
Ramener de la vie micro‐ bienne dans les champs ai‐ derait donc à réduire à la fois la facture d’engrais des agri‐ culteurs et leur empreinte carbone.
Beaucoup de sols au Qué‐ bec sont très riches en phos‐ phore qui est pris dans la matrice du sol, dans les ar‐ giles. Et beaucoup de bacté‐ ries ont la capacité de solubi‐ liser ce phosphore pour le rendre disponible. C'est vrai‐ ment un travail d'équipe entre les plantes et les microorganismes.
Félix Gobeil, agronome Au détour, cette méthode d’agriculture plus naturelle pourrait redonner de l’auto‐ nomie aux agriculteurs, ce qui était exactement le but initial de son inventeur, Cho Hankyu.
Ce que j'aime le plus làdedans, c'est que c'est fait maison, insiste Alexandre Ca‐ ron. C'est fait pour mon en‐ treprise, adapté à ma réalité locale. Je suis allé chercher des micro-organismes qui poussent dans ma cour, qua‐ siment. Ça n’a pas été fait par une multinationale. J'ai fait ça moi-même. C'est simple et ça ne coûte à peu près rien. C'est ça qui m'a attiré!
nous en servir, malgré la sen‐ sibilisation scientifique de l’éclipse », ajoute-t-il.
Il est très difficile d’avoir un bon pourcentage d’effica‐ cité dans la récupération des objets pour mieux gérer leur fin de vie quand ils sont dis‐ persés sur un vaste territoire, ce qui incite ultimement à les perdre, précise l’expert en gestion de matières rési‐ duelles.
Marc Olivier explique que prévoir des boîtes de récupé‐ ration dans les grands points de rassemblement pourrait aider à obtenir une meilleure performance dans la gestion de fin de vie de ces déchets, en regroupant les lunettes.
Encourager les gens à récupérer le carton
Quelle est la meilleure chose à faire si on doit les je‐ ter? C'est surtout la masse de matière cartonnée qui est la plus importante, affirme Marc Olivier. Il conseille de favoriser la récupération du carton dans les grands ras‐ semblements.
Ce qu'il faudrait, c'est es‐ sayer de ne pas les mettre dans une poubelle noire de déchets, mais les mettre à tout le moins dans un bac de récupération pour le papier carton avec d'autres objets de récupération qui s'en vont vers un centre de tri.
Marc Olivier, chimiste et professeur-chercheur au Centre de transfert technolo‐ gique en écologie indus‐ trielle, associé à l’Université de Sherbrooke
À Burlington, en Ontario, la Ville travaille avec Burling‐ tonGreen, un centre d’éduca‐ tion à l’environnement, pour la cueillette des lunettes dans les points de rassem‐ blement principaux, notam‐ ment sur la plage de Burling‐ ton, en bordure du lac Onta‐ rio, avec la mise en place de contenants de ramassage identifiés zéro déchet.
C’est une occasion d'édu‐ quer les gens. Nous espérons avoir un impact environne‐ mental à plus grande échelle, afin de conscientiser la com‐ munauté pour le futur, dit Shelby Krochuk, coordonna‐ trice du programme environ‐ nemental et des promotions pour BurlingtonGreen.
BurlingtonGreen encou‐ rage aussi la population à garder ses lunettes pour les prochaines éclipses par‐ tielles.
Dans le Niagara, les auto‐ rités misent notamment sur la commémoration pour ré‐ duire les déchets.
La majorité des lunettes solaires distribuées par les parcs de Niagara ont été conçues pour commémorer l'événement. Nous nous at‐ tendons à ce qu'un pourcen‐ tage élevé de ceux qui les re‐ cevront les ramènent chez eux pour garder un souvenir de cet événement unique et pour réduire les déchets.
Chris Giles, gestionnaire principal des communica‐ tions de Niagara Parks
« C'est un objet durable à la condition qu'il ne soit pas rayé. Il faut éviter de rayer la pellicule plastique qui com‐ porte le film de protection des yeux », ajoute Marc Oli‐ vier, qui recommande de mettre les lunettes dans un
étui pour bien les protéger.
Conserver les lunettes en souvenir à condition de les protéger
L'astronome Julie BolducDuval propose de les garder et de les réutiliser. Les lu‐ nettes peuvent aussi être en‐ voyées ailleurs.
Bien que la prochaine éclipse totale soit prévue pour 2106, Mme Bolduc-Du‐ val, directrice du programme de formation en astronomie À la découverte de l’univers, encourage la population à garder ses lunettes pour les éclipses partielles qui seront visibles en Ontario et dans l'est du Canada dans les pro‐ chaines années, en mars 2025 et en janvier 2029.
C'est un équipement de sécurité et on peut le réutili‐ ser pour observer le Soleil en tout temps et pour observer les prochaines éclipses par‐ tielles.
Julie Bolduc-Duval, direc‐ trice du programme de for‐ mation en astronomie À la découverte de l’univers
Il est par exemple pos‐ sible d'observer l'activité so‐ laire, note-t-elle.
Les astronomes amateurs aiment aller dehors et obser‐ ver les grosses taches so‐ laires avec les lunettes, lancet-elle, soulignant qu'une pé‐ riode où il y aura plus de taches arrive bientôt. C'est donc un bon moment pour les garder, s'exclame-t-elle.
L'astronome recommande de ranger ses lunettes pro‐ tectrices à un endroit où elles ne se briseront pas, comme dans un livre ou dans un étui rigide et de s'assurer que les filtres ne sont pas endomma‐ gés lorsqu'on souhaite les réutiliser.
Elle ajoute qu’il existe éga‐ lement des organismes comme Astronomers Wi‐ thout Borders qui les en‐ voient dans les pays qui au‐ ront les prochaines éclipses solaires totales.
Selon Julie Bolduc-Duval, les lunettes devraient être je‐ tées seulement en dernier recours.
choses-là, explique-t-elle, ajoutant que la réconciliation ne pourra pas avoir lieu tant que ces blessures ne seront pas guéries.
Une soixantaine de per‐ sonnes prendront part aux cérémonies organisées par le groupe lundi. Des légendes et des chants ponctueront les cérémonies.
Les femmes poursuivront leur mission en distribuant leurs dons dans différents pow-wow, indique Mme Was‐ siana Echaquan.
née, l'équipe de Pascal Sirois n’en a pas trouvé dans ses fi‐ lets.
On a vu une baisse mar‐ quée du capelan un peu par‐ tout dans le système du Saint-Laurent, et le Saguenay ne fait pas exception. On a vu très peu, pour ne pas dire pas du tout, de capelans cette année dans le fjord, ob‐ serve-t-il.
De quoi s’inquiéter? Diffi‐ cile à dire. Chez toutes les es‐ pèces, il y a des fluctuations naturelles de population, sur‐ tout dans la première année de vie.
Dans le cas du capelan et de l’éperlan, leur nourriture pourrait s’être faite plus rare à cause de variations dans l’ensoleillement, dans la tem‐ pérature de l’eau ou dans sa salinité. Ou encore, leurs pré‐ dateurs ont peut-être été plus nombreux.
L’otolithe : une boîte noire dans l'oreille
Dans le laboratoire de Pascal Sirois, la partie la plus prisée des poissons se trouve dans leur oreille. L’otolithe est un petit os qui grandit pendant toute la vie du pois‐ son. On y trouve une foule d’informations.
La coordonnatrice de la Chaire de recherche sur les espèces aquatiques exploi‐ tées, Sonya Lévesque, le compare à la boîte noire des avions parce que ça va enre‐ gistrer plein de moments de l'histoire de la vie du poisson.
L’otolithe permet par exemple de savoir si les pois‐ sons d’eau douce s'aven‐ turent souvent dans les eaux salées du fond pour s’y nour‐ rir. Ou encore, si les poissons de fond voyagent ou non entre le Saguenay et l’es‐ tuaire du Saint-Laurent.
L’enjeu, pour Pascal Sirois, c’est de savoir si les popula‐ tions de poissons du fjord peuvent se renouveler grâce à des échanges avec le SaintLaurent, ou si ce sont des po‐ pulations isolées, que la sur‐ pêche pourrait compro‐ mettre. Ces questions sont vraiment fondamentales pour la gestion des pêches, résume-t-il.
Lire l'histoire dans les sédiments
La spécialité d’Émilie Saul‐ nier-Talbot, c’est de déchiffrer les variations dans l’environ‐ nement sur de longues pé‐ riodes. La professeure de géographie et de biologie nous a fait une démonstra‐ tion de pêche aux carottes devant un port de l’alumine‐ rie Rio Tinto.
En enfonçant un tube de plastique transparent au fond de la baie des Ha! Ha!, elle a récolté les couches de sédiments qui se sont accu‐ mulées au fil des ans.
Les plus anciennes re‐ montent à une époque où les normes environnementales étaient moins strictes, voire inexistantes. Les sédiments contiennent donc plus de contaminants, mais ils ont été recouverts par une épaisse couche de sable, transporté par les rivières avoisinantes lors du déluge de 1996.
Dans son laboratoire, Émi‐ lie Saulnier-Talbot s’intéresse à des algues microscopiques, les diatomées, contenues dans les sédiments.
C'est un groupe d'algues qui existe depuis l'époque des dinosaures, indique-telle. On en retrouve plusieurs centaines de milliers d'es‐ pèces, qui ont toutes leurs propres préférences écolo‐ giques en termes de salinité de l'eau, de pH, de tempéra‐ ture ou de luminosité. On peut donc retracer des chan‐ gements ou des perturba‐ tions dans le système grâce aux espèces qu'on va retrou‐ ver.
Son étudiant Louis-Joseph Brouillard porte une atten‐ tion particulière aux diato‐ mées dont la symétrie est brisée. Ces déformations peuvent être l’indice d’un stress environnemental, comme un changement de salinité lié aux précipitations ou encore une contamination aux métaux lourds.
Mais avant de montrer du doigt les changements clima‐ tiques ou les activités indus‐ trielles, il faut récolter davan‐ tage de données.
L’urgence de son temps prendre
La carotte étudiée par l’équipe d’Émilie Saulnier-Tal‐ bot a été prélevée dans le secteur du port de Saguenay.
C’est précisément là qu’aurait été construit le ter‐ minal de gaz naturel liquéfié de GNL-Québec. Le projet a soulevé les passions dans la région avant d’être écarté par le gouvernement de François Legault en 2021.
L’un des constats conte‐ nus dans le rapport du Bu‐ reau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) portant sur ce projet a eu l’ef‐ fet d’une bougie d’allumage pour Pascal Sirois. Quand le BAPE est arrivé et a dit qu’il y avait un manque flagrant de connaissances scientifiques [sur le fjord du Saguenay], moi, ça m'a interpellé. Je me suis dit que c'est mon rôle d'aller chercher ces connais‐ sances.
Aujourd’hui, Philippe Ar‐ chambault, Émilie SaulnierTalbot et Pascal Sirois com‐ mencent à mettre en com‐ mun les résultats des travaux de leurs équipes respectives. Mais ils en ont encore pour plusieurs années à récolter d’autres données sur le ter‐ rain.
Leur objectif n’est pas de barrer la route à toute forme de développement, mais de permettre aux décideurs de faire des choix éclairés. Pour Pascal Sirois, ultimement, c'est de tendre vers le déve‐ loppement durable, d'être en mesure d'harmoniser le dé‐ veloppement économique, le développement social et l'en‐ vironnement.
On ne cherche pas à poin‐ ter du doigt qui que ce soit. On sait que toutes les activi‐ tés anthropiques ont des im‐ pacts au niveau des écosys‐ tèmes. Et toute décision poli‐ tique ou économique devrait être basée sur des données scientifiques.
Émilie Saulnier-Talbot, ti‐ tulaire de la Chaire de re‐ cherche sur les écosystèmes côtiers et les activités por‐ tuaires, industrielles et mari‐ times
L’un des objectifs de ces travaux est d’être mieux ou‐ tillé pour évaluer les impacts des prochains projets de dé‐ veloppement économique au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Malgré l’urgence d’agir, les chercheurs devront prendre le temps qu’il faut pour bien comprendre les rouages du fjord du Saguenay.
À lire et à voir :
Une recherche sur les pa‐ rois rocheuses du fjord du Saguenay Analyser l’impact des changements clima‐ tiques sur le fjord à bord d’un brise-glace VIDÉO - Le my‐ thique flétan du fjord
équipe négligée, le Titan de l'Acadie-Bathurst, vient de si‐ gner un balayage contre les détenteurs du 4e rang de la LHJMQ, les Mooseheads de Halifax. Et ils argueront pro‐ bablement que cet exploit découle d’une certaine pa‐ rité. Or, l’histoire démontre tout le contraire, puisque c’était seulement la deuxième fois en 30 ans qu’une des quatre meilleures équipes au classement était éliminée au premier tour.)
En Ontario et dans l’Ouest, 11 des 16 séries de premier tour se sont soldées par des balayages ou par des victoires en cinq matchs. Et au moment de publier ce texte, une 12e série à sens unique était susceptible de s’ajouter au lot. Cette situa‐ tion n’est pas exceptionnelle. Dans chacune des trois ligues, il n’est pas rare de voir les huit équipes éliminées au premier tour remporter moins d’un match en moyenne.
Entre 2014 et 2023*, avec le même format éliminatoire, la LNH a présenté 50 matchs éliminatoires de plus que la LHJMQ, 41 de plus que la Ligue de l’Ontario et 40 de plus que la Ligue de l’Ouest.
Cette disparité au sein des ligues junior majeur signifie deux choses :
Les propriétaires perdent collectivement des millions de dollars. Les séries élimina‐ toires à sens unique gé‐ nèrent la présentation d’un moins grand nombre de mat‐ chs. Et parce qu’il n’y a pas d’enjeu, ces rencontres at‐ tirent forcément moins de spectateurs. En séries, ce sont les sixième et septième affrontements qui suscitent le plus d’intérêt et qui gé‐ nèrent les plus grosses foules. Ensuite, ces écarts considérables entre les ni‐ veaux des équipes nuisent au développement des joueurs. Les lecteurs de cette chronique sont familiers avec les concepts de compétition significative ou de zone proximale de développement qui ont été abordés dans plu‐ sieurs textes au fil des ans. Pour favoriser le développe‐ ment d’un athlète, il faut le placer dans des conditions de compétition se situant sur la fine ligne qui sépare la réussite de l’échec. Quand l’écart entre deux adversaires est trop grand, celui qui gagne facilement n’apprend pas à se surpasser. Et celui qui se fait écraser ne pro‐ gresse guère non plus.
***
Aux yeux de nombreux amateurs et acteurs du mi‐ lieu, cette disparité impor‐ tante apparaît comme étant aussi inévitable que la mort et les impôts parce qu’elle est une conséquence de ce qu’on appelle le cycle du hockey ju‐ nior.
Dans un sport où la matu‐ rité physique joue un rôle dé‐ terminant et dans une caté‐ gorie où l’on retrouve des joueurs âgés de 16 à 20 ans, il n’est pas nécessaire de réa‐ liser de grandes études scientifiques pour com‐ prendre que les équipes mi‐ sant sur les plus imposants noyaux de joueurs de 19 ans ont de meilleures chances de succès.
Les directeurs généraux amorcent donc le cycle en as‐ semblant des formations for‐ tement composées de joueurs de 16 et 17 ans. Ils cultivent ensuite brièvement leur jardin. Puis, quand leur équipe arrive à maturité, ils vendent leurs futurs choix de repêchage pour acquérir les meilleurs vétérans des for‐ mations moins compétitives. Ils approfondissent ainsi da‐ vantage leur noyau de joueurs de 19 ans.
Une fois le cycle complété, les DG échangent les meilleurs vétérans qui leur restent, et ils repartent de plus belle avec une équipe fortement composée de joueurs de 16 et 17 ans.
Cela fait en sorte que dès la période des Fêtes (en rai‐ son de la date limite des transactions), on se retrouve avec une ligue à deux vi‐ tesses, composée soit d’équipes matures, soit d’équipes plus jeunes.
Ce fameux cycle donne aussi lieu à de folles ava‐ lanches de transactions. Au cours d’une même saison, un pourcentage important de joueurs de la LHJMQ est échangé d’une équipe à l’autre, comme des profes‐ sionnels, alors qu’ils sont des joueurs-étudiants.
Pour améliorer leurs
fi‐ nances, pour rendre leurs ligues plus compétitives et pour adoucir ces inconvé‐ nients, les dirigeants du ho‐ ckey junior majeur canadien n’auraient pourtant qu’à adopter une règle limitant le nombre de joueurs de 19 ans qu’on puisse retrouver au sein d’une même équipe.
Les joueurs de 19 ans sont les baromètres du ho‐ ckey junior. En les répartis‐ sant de façon égale au sein de toutes les formations, les performances des équipes seraient plus constantes d’une saison à l’autre, et il en résulterait une plus grande parité.
Le damné cycle serait ainsi brisé, le premier tour des séries n’aurait pas l’air d’une simple formalité et les joueurs bénéficieraient d’un environnement plus propice à leur développement.
(*) En raison de la pandé‐ mie de COVID-19, des séries ont été annulées et/ou des modifications au format des séries ont été apportées lors des saisons 2019-20 et 202021. Ces deux saisons ont été exclues du calcul.