Radio-Canada Info

« Ils ne veulent pas mourir » : des Ukrainiens fuient pour éviter d’être mobilisés

- Raphaël Bouvier-Auclair

De l’aveu des gardes fron‐ taliers moldaves, certains pans de la frontière avec l’Ukraine ont longtemps été peu surveillés.

D’abord, cette frontière a longtemps été inexistant­e, puisque tant la Moldavie que l’Ukraine faisaient partie d’un même pays, l’Union sovié‐ tique. Et même après l’indé‐ pendance de ces deux répu‐ bliques, rien ne justifiait une supervisio­n accrue.

Avec l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, la situation a complèteme­nt changé. Depuis un an, des barbelés ont commencé à être installés le long de la frontière.

Ce ne sont pas les autori‐ tés moldaves, mais bien celles de l’Ukraine qui ont en‐ trepris les travaux.

Parce que cette frontière est devenue une route d’exil illicite pour les Ukrainiens qui tentent d’éviter d'être enrôlés dans l’armée, au moment où les autorités de Kiev af‐ firment avoir besoin de 450 000 à 500 000 recrues.

Un officier de la police frontalièr­e moldave, qui nous accompagno­ns dans un champ où l’Ukraine et la Mol‐ davie ne sont séparées que par un simple fossé, dit n’avoir jamais vu un tel phé‐ nomène en 18 ans de car‐ rière.

Depuis février 2022, les autorités de la Moldavie ont intercepté 17 000 personnes, surtout des personnes aptes à combattre qui fuient l’Ukraine.

Avant le déclenchem­ent de la guerre, les cas de tra‐ versée illégale de la frontière étaient insignifia­nts. Mais de‐ puis, cela a augmenté de ma‐ nière importante.

Veronika Savca, porte-pa‐ role de la police aux fron‐ tières de la Moldavie

Pour faire face à cet afflux inusité, les autorités mol‐ daves se sont dotées de drones et de caméras ther‐ miques, outils utiles d’autant que la majorité des traver‐ sées ont lieu en pleine nuit.

Frontex, l’organisati­on res‐ ponsable des frontières de l’Union européenne, a aussi déployé des agents qui ont pour mission de venir en aide à leurs homologues moldaves.

Malgré tout, le phéno‐ mène reste difficile à endi‐ guer. La nuit précédant notre rencontre avec les agents frontalier­s, un homme a été intercepté dans le nord du pays.

En plus de devoir sur‐ veiller des centaines de kilo‐ mètres de frontières, dont de grandes parties ne sont pas protégées, les autorités font face à des traversées bien or‐ ganisées, parfois facilitées par des passeurs.

Des citoyens moldaves ont été arrêtés quand les agents ont découvert qu’ils étaient impliqués dans la mi‐ gration illégale d’Ukrainiens, confirme Veronika Savca, porte-parole de la police aux frontières.

Selon les autorités, un al‐ ler simple vers la Moldavie, qui permet éventuelle­ment de rejoindre un pays de l’Union européenne, se vend entre 2000 $ US et 5000 $ US.

Je ne peux pas juger

Une fois qu’ils ont foulé le sol moldave, les Ukrainiens sont assurés d’y rester s’ils le souhaitent. Les agents fron‐ taliers n’ont pas le pouvoir de les renvoyer de l’autre côté de la frontière.

En tant qu’autorité natio‐ nale, nous n’avons pas le droit de refuser une de‐ mande d’asile, explique Ion Budeanu, de l’agence de pro‐ tection et d’asile de la Molda‐ vie.

Le centre d’accueil où il travaille, à Chisinau, la capi‐

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