Les turbulences chez les transporteurs aériens à bas prix, une histoire qui se répète
Est-ce que le modèle des transporteurs aériens à très bas prix est viable au Canada? Des experts en doute.
Dimanche, Lynx Air a ef‐ fectué son dernier vol, quelques jours seulement après avoir annoncé sa fer‐ meture, laissant ses passa‐ gers se démener pour trou‐ ver des vols alternatifs et re‐ couvrer leurs paiements au‐ près de leur fournisseur de carte de crédit.
Je donne des louanges à Lynx pour avoir duré deux ans, lance en début d’entre‐ tien John Gradek, expert en aviation et chargé de cours à l’Université McGill.
Selon son expérience, ce n’est pas un cas unique ni surprenant. Cela fait 40 ans que je suis dans le milieu [de l'aviation] et j’ai vu beaucoup de transporteurs qui ont connu le même scénario.
C’est un phénomène qui se répète.
John Gradek, expert en aviation
Selon lui, le modèle des transporteurs à très bas prix n’est simplement pas adé‐ quat pour le marché cana‐ dien.
On est un marché res‐ treint, on n’est pas les ÉtatsUnis ni l'Europe. Au Canada, il y a une distance énorme, et le nombre de passagers n'est pas comparable, croit John Gradek.
Une étude de la Biblio‐ thèque du Parlement de 2018 qui aborde la question des transporteurs à bas prix conclut que la réussite des transporteurs à très bas prix ne va pas toujours de soi.
En raison des divers droits et taxes à payer, des particu‐ larités géographiques et de la gouvernance aéroportuaire, les TATBP [transporteurs à très bas prix] canadiens pourraient devoir prendre un nouveau cap afin de rendre leur modèle d’affaires profi‐ table et viable, écrit l'auteur de l'étude, Jed Chong.
Or Stéphane Chennec, qui est associé principal au sein d’Aviation Strategy Internatio‐ nal, un cabinet-conseil basé à Montréal, croit que la ferme‐ ture de Lynx n’est pas néces‐ sairement un indicateur qu’il n’y a pas de place pour les transporteurs à bas prix (TABP) au Canada. Seule‐ ment, ils doivent arrêter d’es‐ sayer de compétitionner avec les gros joueurs, croit-il.
Sans oublier que, contrai‐ rement aux États-Unis et d'autres pays, le Canada ne finance pas beaucoup les in‐ frastructures qui permettent aux avions de voler. Ces coûts sont à la charge des compagnies aériennes qui ont souvent soutenu que ces redevances aéroportuaires sont l'un des facteurs qui contribuent aux prix élevés des billets d'avion au pays, écrit Jed Chong.
Ainsi, comme l'explique Stéphane Chennec, dans le cas de Lynx, quand ils of‐