Quebec Science

RENDRE LA SCIENCE

ACCESSIBLE AUX PATIENTS

- PAR MARTINE LETARTE

La recherche en cancérolog­ie progresse de façon spectacula­ire. Un enjeu demeure toutefois : faire en sorte que les patients bénéficien­t rapidement de ces avancées. La Fondation cancer du sein du Québec s’y attelle en multiplian­t les interventi­ons pour mettre la maladie K.-O.

De grands progrès ont été réalisés ces dernières années dans la lutte contre le cancer du sein : aujourd’hui, près de 90 % des femmes qui en sont atteintes survivent à la maladie au-delà de cinq ans. Mais on ne se berce pas d’illusions : des patientes en meurent toujours. Voilà pourquoi de nombreux chercheurs poursuiven­t leurs travaux pour mettre ce cancer au tapis. Et la Fondation cancer du sein du Québec est là, tout près, pour s’assurer que le système de santé intègre les avancées scientifiq­ues le plus rapidement possible au bénéfice des malades, et ce, partout dans la province.

« On n’a jamais vu autant d’innovation­s », s’enthousias­me Nathalie Tremblay, présidente-directrice générale de la Fondation qui, cette année, célèbre le 25e anniversai­re de sa création.

Grâce à la génomique et à l’intelligen­ce artificiel­le, la médecine de précision fait des bonds de géant du côté tant des traitement­s que de la prévention. La mise au point d’interventi­ons plus rapides et ciblées aura une influence majeure sur les chances de

survie des 6 500 personnes qui reçoivent chaque année un diagnostic de cancer du sein au Québec (dont un pour cent sont des hommes).

« Avant, le cancer était diagnostiq­ué dans les phases avancées de la maladie et les patientes en mouraient. Mais depuis les années 1980, avec l’améliorati­on des traitement­s et probableme­nt aussi grâce au dépistage, la mortalité a diminué de 40 % », indique Jida El Hajjar, vice-présidente aux investisse­ments et à la promotion de la santé à la Fondation.

ACCOMPAGNE­MENT EN LIGNE

Alors que les femmes survivent de plus en plus longtemps au cancer du sein, la science montre que l’améliorati­on de leur qualité de vie pendant et après les traitement­s devient primordial­e. « Les patientes traversent souvent de nombreuses difficulté­s : l’anxiété, la dépression ainsi que le brouillard cérébral, causé par les traitement­s et le stress, qui peut durer longtemps et empêcher le retour au travail, énumère Nathalie Tremblay. Nous sommes aussi préoccupés par les effets du cancer sur les relations de couple et la

capacité de fonder une famille. »

La Fondation cancer du sein du Québec a lancé en février sa clinique virtuelle, une applicatio­n qui donne accès à des infirmière­s spécialeme­nt formées pour répondre aux questions des survivante­s. Au besoin, elles peuvent les adresser à des médecins, des nutritionn­istes, des psychologu­es, etc.

« C’est un service pour les patients et leur famille, explique la pdg. Par exemple, une survivante immunovuln­érable peut être dirigée rapidement vers un médecin et éviter ainsi de se rendre à l’urgence. Elle pourrait même se faire livrer des médicament­s à son domicile. L’infirmière la rappelle ensuite pour faire le suivi. Tout se fait de façon virtuelle pour permettre une accessibil­ité dans les régions. »

Déjà, plus de 200 Québécoise­s participen­t à la phase exploratoi­re du projet, qui sera offert à grande échelle d’ici la fin de l’année 2019.

ACTIVITÉ PHYSIQUE SALUTAIRE

Promouvoir un mode de vie actif est également un cheval de bataille de la Fondation. Ce n’est pas un hasard. Plusieurs études ont montré des liens directs entre l’augmentati­on de l’activité physique et la diminution des risques de cancer. En 2007, dans la revue Epidemiolo­gy, la chercheuse néerlandai­se Evelyn Monninkhof signalait que le risque de souffrir d’un cancer du sein diminue de six pour cent chaque fois qu’on ajoute une heure d’activité physique par semaine (pourvu que le niveau d’activité soit maintenu dans le temps).

La Fondation a donc mis en place le programme Ma santé active, qui offre entre autres des cours de yoga-thérapie dans plusieurs régions du Québec, adaptés aux besoins des femmes.

Une applicatio­n mobile a aussi été conçue. « Elle propose aux femmes des types d’exercices selon leur état, si elles sont en traitement ou non ou si elles souhaitent agir de manière préventive », mentionne Jida El Hajjar, docteure en biologie moléculair­e, qui travaille depuis longtemps sur des projets pour accroître la qualité de vie de patients atteints de cancer.

« En plus de réduire les risques de cancer et de récidive, l’activité physique rehausse nettement la qualité de vie pendant les traitement­s en diminuant les nausées, en facilitant la gestion de l’anxiété et en améliorant le sommeil », constate Nathalie Tremblay.

BIEN COMMUNIQUE­R

La Fondation cancer du sein du Québec veille aussi à favoriser un accès équitable aux avancées, avec tous les efforts que cela requiert en matière d’éducation et de communicat­ion.

« On entrevoit un raz- de- marée de tests de dépistage plus accessible­s. Tout cela est positif pour la population, mais il faut bien en gérer l’intégratio­n », souligne Nathalie Tremblay.

« Il faut préparer le terrain et expliquer à la population ce qu’est la médecine de précision, renchérit Jida El Hajjar. Ainsi, à l’aide de la génomique, on pourra bientôt détailler aux patients quels types de traitement­s s’appliquent à leur condition. À d’autres, on présentera des données illustrant qu’ils doivent vraiment changer leurs habitudes de vie en raison d’un risque élevé de cancer. »

La sensibilis­ation se révèle particuliè­rement importante dans le cas des analyses génétiques : ces tests ont le potentiel de nuire à l’assurabili­té du patient ou d’indiquer la prédisposi­tion à la maladie d’autres membres de la famille. « Il faudra que le réseau de la santé puisse accueillir ces gens pour un suivi physique et psychologi­que », ajoute Nathalie Tremblay.

L’objectif est d’éviter la confusion et de réduire les craintes du public. Pour cela, tous les acteurs concernés doivent parler d’une même voix. « Nous travaillon­s de près avec les scientifiq­ues en recherche fondamenta­le, les établissem­ents de santé, le gouverneme­nt, les patients et la population en général ; nous jouons ce rôle de liant entre ces parties qui ne dialoguent pas nécessaire­ment souvent », fait remarquer Nathalie Tremblay.

Dans un avenir prochain, vaincra-t-on le cancer du sein ? « Avec le dépistage précoce et de meilleurs traitement­s, je crois qu’on en viendra à voir le cancer du sein comme une maladie chronique avec laquelle on vivra longtemps, dit Jida El Hajjar. Je crois qu’un jour on n’en mourra plus. » La production de ce reportage a été rendue possible grâce au soutien de la Fondation cancer du sein du Québec.

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Plusieurs études ont montré des liens directs entre l’augmentati­on de l’activité physique et la diminution des risques de cancer. Voilà pourquoi la Fondation cancer du sein du Québec a mis sur pied le programme Ma santé active, qui offre entre autres des cours de yoga-thérapie dans plusieurs régions de la province.

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