Les entrepreneurs, ces héros
It’s lonely at the top. Qu’on le veuille ou non, la dynamique change lorsqu’on grimpe les échelons. Ce n’est pas tant que tous les PDG sont isolés, seuls dans leur grand bureau fermé. Mais quand vient le temps de confier ce qui nous garde éveillé la nuit, il devient plus difficile de trouver à qui se livrer. Il n’est pas évident de montrer la moindre « faiblesse » quand l’entreprise exige de ses gestionnaires qu’ils soient des « leaders ». La liste des qualités de ce que cela englobe est longue et non exhaustive. On attend aujourd’hui d’un leader qu’il soit aussi bien courageux que curieux, engagé qu’empathique, innovant qu’inspirant, charismatique que visionnaire. Sans surprise, les gestionnaires sont épuisés d’essayer d’être à la hauteur de cet idéal inaccessible.
Imaginez maintenant ce qu’il en est pour les entrepreneurs. Un entrepreneur, c’est en quelque sorte un super leader. Non seulement doit-il projeter toutes ces qualités, mais il doit également porter sur ses épaules le poids constant de ce qu’il a créé. Les cadres en entreprise savent que le jour où la situation ne leur convient plus, ils peuvent toujours quitter leur poste. Cette porte de sortie n’existe pas pour les entrepreneurs. Ils ne sont pas seulement à la tête de leur entreprise, ils « sont » leur entreprise. Il n’est pas anodin que de nombreux entrepreneurs parlent de leur entreprise comme de « leur bébé »... et comme tous les nouveau-nés, elle rend les nuits beaucoup plus courtes.
Il faut dire que le spectre de l’échec a de quoi donner des insomnies. Les entrepreneurs ne sont pas seulement investis personnellement dans leur entreprise: leurs économies, et souvent celles de leurs proches, le sont aussi. On glorifie l’entrepreneuriat, mais l’angoisse des fins de mois n’a rien de glamour. C’est la peur au ventre que bien des chefs d’entreprises voient arriver le jour de paye des employés. Sous le poids de ces lourdes responsabilités, la pression énorme et le flot continu de problèmes à régler, peut-on vraiment s’étonner que pour certains la digue cède?
Cet aspect de l’entrepreneuriat, on en parle encore trop peu. D’où l’importance de libérer la parole. Pour ce reportage, nos journalistes ont rencontré des héros. Des entrepreneurs inspirants qui ont eu le courage de laisser tomber l’armure, parler de leurs démons intérieurs, et l’impact que ces derniers peuvent avoir sur leur entreprise.
Collectivement, nous avons la responsabilité de prendre soin de nos entrepreneurs. Cela commence par avoir des conversations ouvertes sur le sujet. De prendre des nouvelles de ceux qui portent l’entreprise à bout de bras et leur permettre de laisser tomber le masque de l’invulnérabilité. Pour qu’ils puissent mieux repartir, changer le monde, un produit ou service à la fois.