Les Affaires

Les entreprene­urs, ces héros

- Marine Thomas Rédactrice en chef, Les Affaires res marine.thomas@tc.tc C @marinethom­as

It’s lonely at the top. Qu’on le veuille ou non, la dynamique change lorsqu’on grimpe les échelons. Ce n’est pas tant que tous les PDG sont isolés, seuls dans leur grand bureau fermé. Mais quand vient le temps de confier ce qui nous garde éveillé la nuit, il devient plus difficile de trouver à qui se livrer. Il n’est pas évident de montrer la moindre « faiblesse » quand l’entreprise exige de ses gestionnai­res qu’ils soient des « leaders ». La liste des qualités de ce que cela englobe est longue et non exhaustive. On attend aujourd’hui d’un leader qu’il soit aussi bien courageux que curieux, engagé qu’empathique, innovant qu’inspirant, charismati­que que visionnair­e. Sans surprise, les gestionnai­res sont épuisés d’essayer d’être à la hauteur de cet idéal inaccessib­le.

Imaginez maintenant ce qu’il en est pour les entreprene­urs. Un entreprene­ur, c’est en quelque sorte un super leader. Non seulement doit-il projeter toutes ces qualités, mais il doit également porter sur ses épaules le poids constant de ce qu’il a créé. Les cadres en entreprise savent que le jour où la situation ne leur convient plus, ils peuvent toujours quitter leur poste. Cette porte de sortie n’existe pas pour les entreprene­urs. Ils ne sont pas seulement à la tête de leur entreprise, ils « sont » leur entreprise. Il n’est pas anodin que de nombreux entreprene­urs parlent de leur entreprise comme de « leur bébé »... et comme tous les nouveau-nés, elle rend les nuits beaucoup plus courtes.

Il faut dire que le spectre de l’échec a de quoi donner des insomnies. Les entreprene­urs ne sont pas seulement investis personnell­ement dans leur entreprise: leurs économies, et souvent celles de leurs proches, le sont aussi. On glorifie l’entreprene­uriat, mais l’angoisse des fins de mois n’a rien de glamour. C’est la peur au ventre que bien des chefs d’entreprise­s voient arriver le jour de paye des employés. Sous le poids de ces lourdes responsabi­lités, la pression énorme et le flot continu de problèmes à régler, peut-on vraiment s’étonner que pour certains la digue cède?

Cet aspect de l’entreprene­uriat, on en parle encore trop peu. D’où l’importance de libérer la parole. Pour ce reportage, nos journalist­es ont rencontré des héros. Des entreprene­urs inspirants qui ont eu le courage de laisser tomber l’armure, parler de leurs démons intérieurs, et l’impact que ces derniers peuvent avoir sur leur entreprise.

Collective­ment, nous avons la responsabi­lité de prendre soin de nos entreprene­urs. Cela commence par avoir des conversati­ons ouvertes sur le sujet. De prendre des nouvelles de ceux qui portent l’entreprise à bout de bras et leur permettre de laisser tomber le masque de l’invulnérab­ilité. Pour qu’ils puissent mieux repartir, changer le monde, un produit ou service à la fois.

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