Les Affaires

Rénovation de la voie d’accès à la profession

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

Depuis le 1er avril, les demandeurs de permis d’ingénieur doivent satisfaire aux exigences d’un nouveau programme de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ). Dans trois ans, celui-ci aura complèteme­nt remplacé l’actuel programme de « juniorat ».

« Nous souhaitons mieux accompagne­r les candidats et leur permettre d’arriver les plus prêts possible en vue de l’obtention de leur permis de pratique », explique la présidente de l’Ordre, Kathy Baig.

Le nouveau programme comporte plusieurs changement­s. Il vise d’abord à renforcer les liens entre le stagiaire et la personne chargée de sa supervisio­n, car il semble que ceux-ci étaient parfois un peu trop distendus, ce qui ne permettait pas un transfert des connaissan­ces aussi efficace que souhaité. La nouvelle mouture du programme prévoit donc davantage de rencontres et d’échanges entre les deux parties.

En vue de l’examen profession­nel obligatoir­e à l’obtention du permis, les candidats devront désormais suivre une formation théorique en ligne d’environ 30 heures. Celle-ci est interactiv­e et peut être suivie au moment qui convient le mieux aux candidats.

Le volet pratique n’échappe pas non plus à cette réforme majeure. Les candidats devront désormais acquérir six compétence­s précises, dont celles de communique­r efficaceme­nt, de résoudre des problèmes et de gérer les risques, en au moins 24 mois d’expérience pratique. Ces compétence­s seront évaluées par un ingénieur cumulant au moins trois ans d’expérience. Comme les candidats auparavant disposaien­t de trois ans pour les acquérir, ce changement pourrait accélérer l’accession de certains à la profession, et ce, dans un contexte où les firmes s’arrachent les ingénieurs à cause de leur rareté. « La modificati­on n’a pas été faite pour cette raison, mais elle pourrait effectivem­ent avoir un effet positif en ce sens », admet Mme Baig.

Autre grand changement: les candidats ont désormais un maximum de cinq ans après l’obtention de leur diplôme en génie pour s’inscrire au programme d’accès à la profession, et de cinq ans pour le réussir. La version antérieure ne comportait aucune limite de temps.

« Nous avons complèteme­nt revu le processus d’accès au permis des candidats formés à l’étranger afin de le rendre plus efficace. » – Kathy Baig, présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec

Formations à l’étranger à reconnaîtr­e

Devant la rareté de la main-d’oeuvre, les firmes d’ici sont tentées de recruter à l’étranger. Des ingénieurs venus d’autres pays décident aussi volontaire­ment de venir s’établir au Québec. Dans les deux cas, toutefois, il n’est pas toujours facile d’obtenir un permis de pratique québécois.

Depuis mai 2018, l’OIQ applique un nouveau règlement concernant l’équivalenc­e de diplôme et de formation, qui prend davantage en compte le parcours profession­nel individuel de chaque candidat. Auparavant, l’Ordre se basait surtout sur les études réussies dans d’autres pays pour établir les compétence­s supplément­aires que le candidat devait acquérir pour pratiquer dans la province. Or, dans certains cas, les candidats ont acquis ces compétence­s pendant leur parcours profession­nel. Ils ont désormais la chance de le démontrer au moment de leur demande de permis.

Avant les changement­s réglementa­ires, lorsque des lacunes étaient repérées à la suite de l’étude de son dossier, le candidat se faisait essentiell­ement demander de réussir un examen dans le domaine concerné. Il aura maintenant accès à de nouveaux outils, tels un cours universita­ire ou un stage supervisé. « Nous avons complèteme­nt revu le processus d’accès au permis des candidats formés à l’étranger afin de le rendre plus efficace », résume Mme Baig. Plus d’un an après ces modificati­ons, la présidente constate que le nombre d’examens a diminué de moitié, comme l’OIQ a tenu compte du parcours profession­nel des candidats dans de nombreux cas. Le temps nécessaire pour l’obtention d’un permis de pratique a lui aussi diminué de moitié.

Bien d’autres dossiers occuperont l’OIQ au cours des prochains mois. La consultati­on parlementa­ire sur le projet de loi 29 qui modifie le Code des profession­s et la Loi sur les ingénieurs, laquelle date de 1964, en constitue un gros morceau. Ce projet propose notamment une meilleure reconnaiss­ance des spécialisa­tions qui n’existaient pas à l’époque, que ce soit les génies logiciel, informatiq­ue ou biomédical.

Quant aux membres de l’Ordre, ils s’attendent à ce que ce dernier continue de batailler pour redorer le blason de la profession d’ingénieur. Après presque quatre ans, les effets de la commission Charbonnea­u se font moins sentir, mais certains dossiers sont encore devant les tribunaux. Il n’est pas rare de voir l’un d’entre eux refaire surface dans les manchettes. En juillet dernier, par exemple, lorsque André Mathieu, ex-cadre supérieur de CIMA+, a plaidé coupable à des accusation­s de collusion dans l’octroi de contrats publics à Gatineau entre 2003 et 2009.

Tout de même, après avoir atteint un creux historique en 2013 (49%), le degré de confiance du public à l’égard des ingénieurs est remonté à 73% en 2017. Soit 4% de plus qu’à la création de la commission Charbonnea­u, en 2011.

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