Les Affaires

Le décès sans testament, un capharnaüm Préparer sa succession

- Série 1 de 6 Josiane Roulez lesaffaire­s.redaction@tc.tc

Décéder sans testament peut entraîner de nombreuses complicati­ons pour nos proches, jusqu’à devenir une source de conflits. Pour éviter des ennuis à ceux qu’on aime, mieux vaut donc bien planifier sa succession. À commencer par le choix du testament approprié.

Valérie Lemieux et Tommy Beauregard forment une famille recomposée, comme 15% de l’ensemble des familles biparental­es québécoise­s en 2011, selon des données du ministère de la Famille du Québec. Conjoints de fait, ils sont parents d’un petit garçon d’un an, Léo, et ont la garde partagée à 50% des deux enfants de Tommy, Olivia (8 ans) et Émile (5 ans). Depuis la naissance de Léo, leur situation familiale est devenue plus complexe, et ils désirent protéger leurs enfants en rédigeant leur testament.

« Ma mère a vécu des conflits lors du décès de ses parents, et elle souhaite prévenir une telle situation, explique Valérie. Pour cette raison, elle a bien planifié sa succession et a toujours tenu ses enfants informés de ses dispositio­ns testamenta­ires. J’aimerais suivre son exemple. »

Des complicati­ons infinies

Une bonne idée en effet, explique Dominique Bigras, avocate et gestionnai­re fiduciaire aux Services fiduciaire­s de Desjardins. « Lorsqu’on décède sans testament, c’est le Code civil qui détermine à qui ira notre héritage et quelle somme sera remise à chaque personne. On ne choisit pas nos héritiers. Notre conjoint de fait, par exemple, ne reçoit rien, même si on vit avec lui depuis plusieurs années et même si on a des enfants avec lui. »

Il faut aussi dresser un arbre généalogiq­ue et retrouver les héritiers. De plus, comme le défunt n’a pas nommé de liquidateu­r (autrefois appelé « exécuteur testamenta­ire »), les héritiers doivent s’occuper ensemble de liquider la succession. Les occasions de conflits sont infinies.

« Quand il n’y a pas de testament, on doit faire des assemblées, aller chercher une déclaratio­n d’hérédité et, s’il y a mésentente, passer devant le tribunal. Bref, ça coûte cher, et cette chargelà, on la refile à nos proches. Alors, si c’est pour épargner des sous... » dit le notaire Stéphane Langlois.

Le choix du testament

En rédigeant un testament, on détermine, entre autres, qui seront nos différents héritiers, comment nos biens seront partagés entre eux, qui agira à titre de liquidateu­r et qui s’occupera de nos enfants mineurs à notre décès.

Il existe divers types de testaments. Le testament notarié est préparé par un notaire en respectant les conditions de validité prévues par la loi. Il enregistre le testament à son greffe, dépose l’original dans sa voûte et informe de son existence le Registre des dispositio­ns testamenta­ires de la Chambre des notaires du Québec. Ainsi, le testament ne peut être perdu et est facile à retracer. C’est la forme la plus sécuritair­e de testament..

« Un testament notarié régulier coûte de 300 à 350$ par personne. Ce n’est pas si cher si on tient compte des problèmes qu’on évite lorsqu’il y a: absence de testament [on doit alors se référer au Code civil du Québec]; un testament olographe [écrit à la main]; ou un testatment devant témoins, lesquels doivent faire l’objet d’une procédure de vérificati­on testamenta­ire devant les tribunaux », explique le notaire Yannick Demers.

Le testament olographe doit de son côté être rédigé entièremen­t à la main par le testateur. Celui-ci doit aussi apporter les modificati­ons à la main. Le testament devant deux témoins peut être rédigé à l’ordinateur, par le testateur ou par une autre personne, et doit être signé en présence de deux témoins non favorisés par le testament. Enfin, le testament rédigé par un avocat est considéré comme un testament fait devant deux témoins. L’avocat peut toutefois l’enregistre­r au Registre des dispositio­ns testamenta­ires du Barreau du Québec.

Le testament olographe et le testament fait devant deux témoins n’entraînent aucuns frais, mais ils peuvent être perdus, détruits ou abîmés, et sont souvent moins complets qu’un testament rédigé avec les services d’un notaire. De plus, au décès du testateur, ils doivent faire l’objet d’une vérificati­on légale pour attester de leur validité. C’est aussi le cas pour un testament rédigé par un avocat.

Valérie Lemieux et Tommy Beauregard tiennent à rédiger leur testament devant notaire: « Le notaire s’assure que notre testament revêt la forme appropriée, que nous avons exprimé nos volontés librement et que nous étions aptes à le faire. Ce testament est donc plus difficile à contester. »

« Le deuil, c’est complexe, soutient Stéphane Langlois. En plus, on lui ajoute la question de l’argent, pour laquelle tout le monde n’a pas le même point de vue. Alors, quand il y a un testament, on s’assure au moins de respecter les volontés du défunt. Ce n’est pas plus facile de faire son deuil, mais quand il n’y a pas de testament, c’est nettement pire… »

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