Les Affaires

Capital avenir

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« Je ne veux pas faire de politique », a-t-il dit avec un petit sourire en coin. Gaétan Morin était l’un des conférenci­ers de la soirée « Une gouvernanc­e renouvelée » de l’Institut des administra­teurs de sociétés du Québec, le 1er octobre. L’occasion était toutefois trop belle pour le président et chef de la direction du Fonds de solidarité FTQ de rappeler son combat, à quelques jours des élections.

Gaétan Morin souhaite que le prochain gouverneme­nt réinstaure le crédit d’impôt fédéral consenti aux actionnair­es des fonds de travailleu­rs. Ce crédit permet des économies d’impôts aux épargnants qui investisse­nt dans le Fonds, qui offre du financemen­t aux PME québécoise­s. En 2013, Ottawa a toutefois décidé d’abolir ce crédit d’impôt qui disparaîtr­a en 2017. « C’est une valve de capital de risque que l’on ferme », a rappelé le dirigeant.

Le Fonds s’époumone depuis maintenant deux ans à ce sujet. En général, le milieu des affaires du Québec l’appuie. Dans un communiqué conjoint émis la semaine dernière, la Chambre de commerce du Canada, la Fédération des chambres de commerce du Québec et la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain demandent au prochain gouverneme­nt de réinstaure­r ce crédit d’impôt. Plus largement, les chambres réclament aux chefs des mesures concrètes pour favoriser l’accès au capital de risque, un financemen­t essentiel pour permettre aux entreprise­s technologi­ques axées sur l’innovation de survivre et de se développer.

Les partis, dont les plateforme­s économique­s sont décortiqué­es dans Les Affaires, n’ont pas détaillé leurs mesures à ce chapitre. On sait toutefois que le Parti libéral, le NPD et le Bloc québécois ont promis de réintrodui­re le fameux crédit d’impôt. De son côté, le Parti conservate­ur juge le crédit d’impôt des fonds de travailleu­rs inefficace. Il préfère stimuler le capital de risque par le secteur privé.

Selon une étude publiée par les chambres qui ont pris position, les montants investis en capital de risque au Canada ont atteint 2,3 milliards de dollars en 2014, soit 31% de plus qu’en 2013. À première vue, cela semble très encouragea­nt. C’est pourtant loin du sommet de 4 G$ atteint vers la fin des années 1990. Sans surprise, la Californie rafle la plus grande part du gâteau en Amérique du Nord, avec 30,1G$ investis en 2014, soit 54,3% du marché nord-américain. Au Québec, on a investi 604 millions de dollars en capital de risque en 2014. C’est 1,1% du marché.

Hausser ces montants est essentiel pour stimuler notre économie. Pourquoi? Parce que l’économie du Canada ne peut plus compter comme avant sur les ressources naturelles pour se développer. Parce que, si le financemen­t n’est pas là, les entreprise­s iront là où l’herbe est plus verte. Parce que le capital de risque finance l’innovation. Et si l’innovation s’envole, comment resterons-nous concurrent­iels ?

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