Le Journal de Quebec

Son emploi en jeu en raison d’une erreur

Une Néerlandai­se qui a immigré ici en 2020 a vu sa demande de renouvelle­ment de permis de travail refusée

- CATHERINE BOUCHARD

Une immigrante originaire des Pays-bas, installée au Québec depuis 2020, se retrouve du jour au lendemain sans emploi, après qu’immigratio­n, Réfugiés et Citoyennet­é Canada eut commis une erreur lors de sa demande de prolongati­on de son permis de travail.

Marianne Bosman est arrivée au Québec en 2020 et elle est parrainée par son conjoint. En septembre 2023, elle a été embauchée par une compagnie environnem­entale en génie civil.

En mars 2023, Mme Bosman a envoyé sa demande de parrainage par l’entremise du portail de résidence permanente. En juillet 2023, elle a déposé la demande de renouvelle­ment de permis de travail par l’entremise d’une « clé GC », un outil qui sert de preuve d’identité et qui protège les communicat­ions avec les services et programmes du gouverneme­nt. Au total, les deux demandes lui coûtent 1335 $.

Mais IRCC a prélevé une somme de 85 $ sur le montant de la demande de prolongati­on de permis de travail pour payer les frais des données biométriqu­es, alors qu’il détenait déjà ces données et qu’elles étaient toujours valides.

DEMANDE REFUSÉE

« Ils ont pris 85 $ pour la biométrie qui est déjà dans leur système et à cause de ça, le budget total de mon permis de travail est de 160 $ au lieu de 255 $ », explique la jeune femme de Trois-rivières, qui s’exprime dans un français très acceptable.

Résultat : la demande de prolongati­on est refusée et elle ne fait donc plus aucun revenu depuis plus d’une semaine, ce qui lui apporte un stress financier et mental. Elle craint de ne pas pouvoir reprendre son poste si la situation ne se règle pas rapidement.

« Mon employeur veut me soutenir dans la mesure du possible. Mais quand même, si ma situation ne se règle pas bientôt, c’est inquiétant. Ça ne peut pas prendre des mois parce qu’ils ont besoin de quelqu’un qui fait le travail », fait valoir Mme Bosman.

LA « RIGIDITÉ » D’IRCC DÉNONCÉE

Elle a envoyé une lettre de demande de reconsidér­ation le 6 février dernier, dans l’espoir QU’IRCC infirme la décision, mais le processus peut prendre plusieurs mois où elle n’aura aucun salaire. Ce qu’elle souhaite est une reconsidér­ation plus rapide, une rétractati­on D’IRCC ou simplement de lui accorder la prolongati­on de son permis de travail.

Avocat spécialisé en immigratio­n, Me Maxime Lapointe déplore la rigidité D’IRCC dans le traitement de ce genre de demande.

« IRCC devrait donner 30 jours pour répondre en cas de dossier incomplet, tel qu’ils le font à l’extérieur du Canada, et non refuser bêtement le dossier », observe-t-il, rappelant que les préjudices sont majeurs pour les immigrants qui perdent leur droit de travail pour plusieurs mois.

Me Lapointe estime QU’IRCC devrait revoir cette façon de faire, particuliè­rement dans un contexte d’immigratio­n en croissance.

« Ces refus sont évitables et vont malheureus­ement devenir plus fréquents compte tenu du nombre grandissan­t d’immigrants à statut temporaire et constammen­t à renouveler », termine-t-il.

Le Journal a questionné IRCC sur les demandes de renouvelle­ment de permis incomplète­s et la possibilit­é de donner un délai aux immigrants, avant de refuser les demandes de prolongati­on de permis de travail. Au moment d’écrire ces lignes, aucune réponse n’avait été acheminée.

« MON EMPLOYEUR VEUT ME SOUTENIR DANS LA MESURE DU POSSIBLE. (...) ÇA NE PEUT PAS PRENDRE DES MOIS PARCE QU’ILS ONT BESOIN DE QUELQU’UN QUI FAIT LE TRAVAIL »

– Marianne Bosman

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, ANDRÉANNE LEMIRE Marianne Bosman, une femme originaire des Pays-bas, est victime d’une erreur administra­tive D’IRCC.

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