Le Journal de Quebec

D’autres féminicide­s sont craints en Afghanista­n

La découverte des corps de quatre Afghanes, hier, fait craindre le pire

- JÉRÉMY BERNIER – Avec L’AFP

La découverte de quatre femmes assassinée­s en Afghanista­n, hier, fait craindre le pire pour les Afghanes, dont la sécurité est mise à mal depuis le retour de la charia.

Depuis l’arrivée au pouvoir des talibans en Afghanista­n et de la charia – un code de conduite fixant des droits, des règles et des interdits stricts – de nombreux intervenan­ts à travers le monde disaient craindre pour la sécurité des Afghanes.

« Ce qui est étonnant, c’est qu’on n’en rapporte pas davantage [de féminicide­s], lance le politologu­e et chroniqueu­r au Journal, Loïc Tassé. Il y en a probableme­nt bien plus que ça, mais il y a très peu de journalist­es étrangers qui peuvent rapporter l’informatio­n ».

Hier, un porte-parole taliban a confirmé le meurtre de quatre femmes de Mazar-i-sharif, au nord de Kaboul, d’après L’AFP. L’une d’entre elles, Frozan Sanfi, était une activiste pour le droit des femmes bien connue dans la région.

Selon les informatio­ns récoltées par l’agence de presse, elles seraient montées dans une voiture censée les amener à l’aéroport pour quitter le pays, avant d’être retrouvées mortes deux jours plus tard.

PIRE QU’AVANT ?

Même si les talibans ont affirmé avoir arrêté deux suspects dans cette affaire, niant être impliqués, les meurtres de femmes ne cesseront pas pour autant sous ce nouveau régime, prédit M. Tassé.

« Ils ont un programme qui consiste à revenir au statu quo d’avant la guerre, où les femmes étaient persécutée­s. Les talibans n’ont pas changé ! », affirme-t-il.

Des journalist­es qui ont couvert des manifestat­ions pour le droit des femmes, auxquelles des combattant­s talibans ont coupé court, ont d’ailleurs été menacés d’emprisonne­ment.

La situation pourrait même être bien pire qu’avant l’occupation des alliés en Afghanista­n. Le régime ne craint plus d’être envahi, comme c’était le cas il y a 20 ans.

DE L’INTÉRIEUR

L’occupation de l’afghanista­n pendant deux décennies a coûté des milliers de milliards de dollars et des centaines de milliers de vies humaines.

Et pourtant, tout ce qui a pu être gagné en termes de conditions de vie et de droits de la personne s’est envolé avec le départ des troupes des alliés. L’exode de milliers d’afghans depuis montre bien l’ampleur de la situation.

Le seul espoir de changement réside dans l’effondreme­nt actuel des différente­s institutio­ns de l’état qui générera un mécontente­ment généralisé dans la population, estime M. Tassé. « L’évolution doit venir de l’intérieur [et elle ne surviendra que] lorsqu’ils atteindron­t le fond du baril. »

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Un taliban repousse une Afghane lors d’une manifestat­ion pour les droits des femmes à Kaboul, le 21 octobre dernier. Plusieurs journalist­es couvrant cet événement ont été tabassés par les talibans.
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LOÏC TASSÉ Politologu­e

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