Denis Coderre est cuitcui
Le dossier linguistique vient de rattraper Denis Coderre à trois jours du vote.
Lors de cette campagne, on a débattu, souvent, de la question existentielle suivante : est-ce que c’est toujours le même Denis Coderre ? Celui qui dit une chose et son contraire, dépendant de son interlocuteur ? Celui qui invente des excuses invraisemblables pour ses faux-pas (je ne textais pas, je ramassais mon téléphone tombé de mon socle !).
Son histoire saugrenue des « clauses de confidentialité » deviendra un morceau d’anthologie politique.
Mais c’est dans un autre dossier que j’ai vraiment vu des relents du même vieux Denis Coderre, celui de la langue.
PROJET DE LOI 96
On peut débattre, comme je l’ai fait, du projet de loi 96, mais la situation de la langue française à Montréal est une préoccupation qui peut être partagée par tous.
Sentant sa vulnérabilité du côté linguistique depuis son fameux discours unilingue anglais, Valérie Plante en a remis une couche en embrigadant Louise Harel comme Tsarina de la langue. Bon move, dans certains quartiers,
Harel évoque des souvenirs des fusions forcées et d’autres positions qui ne passent toujours pas auprès de la communauté anglophone.
Il n’en fallait pas plus pour ragaillardir la campagne jusque-là inaperçue de Balarama Holness. À l’ouest de la « Main », celui-ci était apprécié pour sa franchise et son opposition claire à la loi 21 et au projet de loi 96.
CHANGER DE POSITION AU GRÉ DES VENTS
Denis Coderre a toujours eu ses appuis dans la communauté anglophone. Ancien ministre libéral, la tendance lourde des Anglos à voter rouge lui a aussi profité au municipal.
Problème pour Coderre : comment réagir au projet de loi 96 ? Deux de mes collègues à CJAD 800 lui ont posé la question à plusieurs reprises lors d’une entrevue en milieu de campagne. Après beaucoup de patinage artistique, Coderre a fini par dire en ondes et en anglais qu’il appuyait le projet de loi 96.
Le débat en anglais a fourni à Balarama Holness l’occasion d’articuler son opposition. Coderre dansait autour, sachant que Holness était en train de manger son lunch du côté anglophone.
Dimanche dernier, le vote par anticipation a eu lieu. Les organisateurs avec qui j’ai parlé s’entendaient pour dire que l’équipe de Plante s’était très bien tirée d’affaire.
Lundi, Coderre a rapidement changé sa chanson. Tout d’un coup, il allait demander au gouvernement du Québec des assouplissements au projet de loi 96. En entrevue à The Gazette et à nouveau à CJAD 800, il s’est dit prêt à signer la lettre de 96 chefs de file de la communauté anglophone contre la loi 96 ! Du clientélisme pur qui vient à un très mauvais moment, avec le discours unilingue anglais du président d’air Canada qui a fait sauter la baraque linguistique.
On dit qu’en politique, quand t’es pas cru, t’es cuit. À ce chapitre, Coderre est cuit.
On verra dimanche pour le reste.
Est-ce que c’est toujours le même Denis Coderre ?