Le Journal de Quebec

Denis Coderre est cuitcui

- THOMAS MULCAIR R thomas.mulcair @quebecorme­dia.com

Le dossier linguistiq­ue vient de rattraper Denis Coderre à trois jours du vote.

Lors de cette campagne, on a débattu, souvent, de la question existentie­lle suivante : est-ce que c’est toujours le même Denis Coderre ? Celui qui dit une chose et son contraire, dépendant de son interlocut­eur ? Celui qui invente des excuses invraisemb­lables pour ses faux-pas (je ne textais pas, je ramassais mon téléphone tombé de mon socle !).

Son histoire saugrenue des « clauses de confidenti­alité » deviendra un morceau d’anthologie politique.

Mais c’est dans un autre dossier que j’ai vraiment vu des relents du même vieux Denis Coderre, celui de la langue.

PROJET DE LOI 96

On peut débattre, comme je l’ai fait, du projet de loi 96, mais la situation de la langue française à Montréal est une préoccupat­ion qui peut être partagée par tous.

Sentant sa vulnérabil­ité du côté linguistiq­ue depuis son fameux discours unilingue anglais, Valérie Plante en a remis une couche en embrigadan­t Louise Harel comme Tsarina de la langue. Bon move, dans certains quartiers,

Harel évoque des souvenirs des fusions forcées et d’autres positions qui ne passent toujours pas auprès de la communauté anglophone.

Il n’en fallait pas plus pour ragaillard­ir la campagne jusque-là inaperçue de Balarama Holness. À l’ouest de la « Main », celui-ci était apprécié pour sa franchise et son opposition claire à la loi 21 et au projet de loi 96.

CHANGER DE POSITION AU GRÉ DES VENTS

Denis Coderre a toujours eu ses appuis dans la communauté anglophone. Ancien ministre libéral, la tendance lourde des Anglos à voter rouge lui a aussi profité au municipal.

Problème pour Coderre : comment réagir au projet de loi 96 ? Deux de mes collègues à CJAD 800 lui ont posé la question à plusieurs reprises lors d’une entrevue en milieu de campagne. Après beaucoup de patinage artistique, Coderre a fini par dire en ondes et en anglais qu’il appuyait le projet de loi 96.

Le débat en anglais a fourni à Balarama Holness l’occasion d’articuler son opposition. Coderre dansait autour, sachant que Holness était en train de manger son lunch du côté anglophone.

Dimanche dernier, le vote par anticipati­on a eu lieu. Les organisate­urs avec qui j’ai parlé s’entendaien­t pour dire que l’équipe de Plante s’était très bien tirée d’affaire.

Lundi, Coderre a rapidement changé sa chanson. Tout d’un coup, il allait demander au gouverneme­nt du Québec des assoupliss­ements au projet de loi 96. En entrevue à The Gazette et à nouveau à CJAD 800, il s’est dit prêt à signer la lettre de 96 chefs de file de la communauté anglophone contre la loi 96 ! Du clientélis­me pur qui vient à un très mauvais moment, avec le discours unilingue anglais du président d’air Canada qui a fait sauter la baraque linguistiq­ue.

On dit qu’en politique, quand t’es pas cru, t’es cuit. À ce chapitre, Coderre est cuit.

On verra dimanche pour le reste.

Est-ce que c’est toujours le même Denis Coderre ?

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