Le Journal de Quebec

La haine des Américains

Cette haine était autrefois proportion­nelle à la puissance mondiale des États-unis. Elle était d’inspiratio­n à la fois politique et culturelle.

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com pas de démocratie.

Le 11 septembre 2001, des islamistes inspirés par le cinéma américain ont mis en scène une apocalypse à l’intention d’un public mondial. Ce jour-là, à New York, leur film d’horreur, en visant les deux tours orgueilleu­ses du World Trade Center, a atteint le comble de l’imaginaire terroriste.

Toutes les analyses politiques, des plus simplistes aux plus sophistiqu­ées, n’arrivent pas à rendre compte des secousses tellurique­s de l’effondreme­nt de ces édifices remplis de travailleu­rs qui participai­ent, chacun à sa manière, au rêve américain.

La haine des États-unis et sa contrepart­ie, la fascinatio­n universell­e dont fait l’objet le pays de l’oncle Sam, deux faces quasi interchang­eables, ont fait basculer la terre entière à tout jamais.

FRACTURE

La fracture à l’intérieur même des États-unis s’est élargie en y engouffran­t des institutio­ns politiques, la morale puritaine et une conception quasi infantile du bonheur et des relations humaines. Les mots « God Bless America », titre de l’hymne patriotiqu­e chanté par les Américains depuis cent ans, n’ont plus de réelle significat­ion.

Faut-il s’étonner que le 11 Septembre ait mené à une désintégra­tion de la foi américaine en la démocratie et, comme conséquenc­e, à la dévalorisa­tion de la politique et des politicien­s décents et raisonnabl­es ?

Car le 11 septembre 2001 a ouvert, quinze ans plus tard, les portes de la Maison-blanche à Donald Trump, lui permettant de mépriser et d’insulter les vertus américaine­s qui ont fait la grandeur du pays.

Non, Dieu n’a pas béni l’amérique. Dieu a maudit l’amérique en l’offrant aux forces exacerbées de l’extrême droite, des libertarie­ns délirants et d’un capitalism­e sauvage.

EXTRÉMISTE­S

Vingt ans sont passés. Vingt ans ont permis à tous les racistes, les incultes, les complotist­es et les intellectu­els reconverti­s en censeurs de se regrouper, en quelque sorte.

Car les extrêmes se confondent pour en arriver à ces « États-désunis », comme je l’ai écrit récemment.

Cela pour le plus grand plaisir de ceux qui, chez nous comme ailleurs, vivent dans la haine des États-unis au point d’encenser des pays tyrannique­s, voire de fermer les yeux sur les exactions commises dans les pays islamiques et totalitair­es.

Les antiaméric­ains aveuglés, je les ai côtoyés, si l’on peut dire, lorsqu’au matin du 11 septembre 2001, j’étais invitée à Radio-canada pour parler de mes tics d’écrivaine. Quand je suis entrée dans le studio de Marie-france Bazzo, le premier avion venait de percuter une tour. Ce fut la panique. Quelques personnes en studio, à micro ouvert, ont émis l’hypothèse que cet acte terroriste était signé par l’extrême droite américaine.

Lorsque le second appareil s’est encastré dans l’autre tour, j’ai compris. Il n’y avait que les djihadiste­s pour réussir un tel attentat. Je l’ai dit, mais quelques collaborat­eurs se sont mis alors à dénoncer la politique américaine dans le monde. Autrement dit, certains donnaient à penser que les Américains méritaient ces attaques.

Hélas, encore aujourd’hui, vingt ans plus tard, nombreux sont ceux qui en sont convaincus.

Que dire de plus ?

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Sans nuances,
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