Le chef libéral a été la cible d’un véritable tir groupé
Le premier ministre sortant a dû se défendre durant le troisième débat des chefs
Après un second débat francophone plutôt calme mercredi, les chefs fédéraux ont sorti les crocs hier soir en anglais, se livrant à une bataille acerbe dans laquelle le premier ministre sortant a été la principale cible.
Le débat a débuté par une confrontation directe entre l’animatrice Shachi Kurl, présidente de l’institut Angus Reid, et le chef bloquiste, Yves-françois Blanchet, au sujet de la Loi sur la laïcité de l’état et de la réforme de la loi 101.
« Vous pouvez dire autant de fois que vous voulez que ce sont des lois discriminatoires, nous, nous disons que ce sont des lois légitimes », a défendu M. Blanchet
L’échange a été suivi d’une vive prise de bec entre Justin Trudeau et la cheffe du Parti vert, Annamie Paul, autour des inconduites sexuelles dans l’armée et des violences subies par les femmes.
« Je l’ai déjà dit et je le répète ce soir, je ne crois pas que M. Trudeau soit un vrai féministe », a lancé Mme Paul, particulièrement combative hier soir, au Musée canadien de l’histoire, à Gatineau.
Dans la même veine, le chef conservateur, Erin O’toole, et le néo-démocrate Jagmeet Singh ont pointé l’échec du gouvernement libéral en Afghanistan, où le Canada s’est engagé pendant des années en clamant défendre les femmes et les filles.
Appuyés par Mme Paul, ils ont accusé M. Trudeau d’avoir abandonné les Afghans qui ont aidé les troupes et les diplomates canadiens en déclenchant des élections « inutiles ».
« Vous avez mis votre propre intérêt personnel devant le bien-être de milliers de personnes. Le leadership, c’est de s’occuper des autres d’abord », a cinglé M. O’toole.
L’ENVIRONNEMENT À L’HONNEUR
Les chefs se sont ensuite déchirés un long moment sur l’environnement, un sujet sur lequel M. Trudeau a tenté une charge contre le chef conservateur.
« La vérité, c’est que M. O’toole, il n’arrive même pas à convaincre son parti que les changements climatiques sont réels, parce qu’ils ont voté contre ça. C’est peut-être pour cela que son plan est si faible. Son plan, c’est de revenir aux cibles Harper [Stephen, un ancien premier ministre conservateur] », a-t-il lancé.
Mais M. O’toole a répliqué que le gouvernement Trudeau n’a « jamais atteint ses cibles d’émission ».
« Comment on peut vous croire ? » a renchéri M. Singh à l’intention du premier ministre sortant.
« Nous devons être capables de nous rassembler au-delà des lignes de parti, non seulement pour faire face à la crise [des changements climatiques] que M. Singh a décrite, mais aussi pour saisir la plus grande opportunité économique que le Canada ait connue », a dit Mme Paul.
RACISME SYSTÉMIQUE
Pendant les échanges sur les enjeux autochtones, le chef bloquiste a de nouveau été visé au coeur en raison de son refus de reconnaître le racisme systémique dans la foulée de l’affaire Joyce Echaquan, une Attikamek décédée dans un hôpital près de Joliette.
M. Blanchet a expliqué que ces mots « devenus toxiques » se sont transformés en « outil politique contre le Québec ».
Visiblement en désaccord, Mme Paul a proposé de faire l’éducation de M. Blanchet sur le racisme systémique. Insulté, le bloquiste s’en est remis à la modératrice, en réclamant un minimum de décence.
Il y a « encore beaucoup à faire » sur la réconciliation, a, quant à lui, pondéré M. Trudeau.