Le Journal de Quebec

30 ans plus tard, Manon Rhéaume fait encore rêver

Mais elle croit que les jeunes devraient suivre une autre voie

- JESSICA LAPINSKI

Même s’il y aura bientôt 30 ans que Manon Rhéaume a brisé un plafond de verre en devenant la première — et unique — femme à avoir défendu le filet d’une équipe de la Ligue nationale de hockey, son histoire fascine encore.

L’ancienne gardienne de but, qui a notamment défendu les couleurs du Lightning de Tampa Bay le temps de deux matchs préparatoi­res, l’a constaté la semaine dernière.

Manon Rhéaume, de passage au Québec pour quelques jours, a eu la surprise de constater que son livre pour enfants, Briser la glace, suscitait l’intérêt de beaucoup de petites filles désireuses d’obtenir une dédicace lors d’une séance tenue au Centre des glaces de Québec.

« Il y avait plusieurs jeunes filles qui jouaient à la ringuette, des parents qui venaient me présenter leur fille qui avait participé au tournoi pee-wee. C’était le fun de voir qu’autant de jeunes filles jouent au hockey aujourd’hui. Il y en a beaucoup plus que dans mon temps ! »

Mais même si le nom de Manon Rhéaume résonne encore chez les jeunes athlètes, l’ex-gardienne de but n’encourage pas nécessaire­ment les jeunes filles à suivre sa voie.

L’AUTRE OPTION

Parce qu’il existe désormais une autre option : les ligues féminines. Et Mme Rhéaume est bien placée pour en parler, car elle a connu les deux univers. Elle a joué aux côtés des garçons, et même des hommes, au tournoi pee-wee de Québec, dans la LHJMQ et dans la LNH.

Mais elle a aussi dirigé la première équipe entièremen­t féminine du tournoi pee-wee. Et elle était derrière le banc des Little Ceasars de Detroit quand celles-ci ont affronté Équipe Québec dans le premier match de hockey entièremen­t féminin de l’histoire du tournoi, il y a trois ans.

« Ça dépend de la situation de chaque personne. Ici, au Michigan, notre hockey féminin est très fort », relève celle qui est expatriée aux États-unis depuis plusieurs années, et qui est impliquée dans le hockey là-bas.

« C’est super important pour ces bonnes joueuses d’être regroupées. Quand elles sont dans le vestiaire toutes ensemble, elles apprennent à devenir des leaders. »

« Mais il y a des situations où des filles très, très bonnes évoluent dans un milieu où les équipes féminines sont moins fortes. Pour elles, c’est peut-être mieux de jouer avec des gars », nuance l’entraîneus­e de 49 ans.

LE CAS ÈVE GASCON

Et selon Manon Rhéaume, pourquoi a-t-il fallu attendre plus de 20 ans avant de voir une jeune femme disputer un match dans la LHJMQ?

Car avant Ève Gascon avec les Olympiques de Gatineau, la dernière à avoir accompli pareil fait d’armes était Charline Labonté, avec le Titan d’acadie-bathurst.

« Une des choses, c’est qu’il existe plus d’avenues pour les filles. Certaines pourraient s’essayer dans la LHJMQ, mais elles préfèrent jouer dans des ligues pour filles de haut calibre. Et autre chose : même pour un gardien garçon, si tu ne fais pas 6 pieds, ils ne te gardent plus dans l’équipe. Ça rend la chose plus difficile pour nous, les filles ! »

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PHOTO D’ARCHIVES Manon Rhéaume au camp d’entraîneme­nt du Lightning en septembre 1992.

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