Réalité ou fiction ?
Une statistique impressionnante : depuis le match no 5 de la série contre les Maple Leafs de Toronto, selon la Ligue nationale, le Canadien n’a jamais accusé un retard lors des 316,14 dernières minutes.
Renversant. On jouerait au questionnaire : réalité ou fiction ? Et fiction serait sûrement la réponse la plus plausible pour commenter le résultat d’une équipe que, il y a moins de deux semaines, l’on était prêts à envoyer dans les boules à mites et à inviter au banc des accusés les décideurs les plus importants de l’entreprise.
Mais les séries éliminatoires, c’est une autre saison. C’est une véritable boîte à surprises. Les Matthews, Marner, Mcdavid, Draisaitl, Ovechkin, Crosby, Malkin, Barkov, Huberdeau ont tous rangé leur équipement.
Pendant ce temps, le Canadien poursuit son parcours en évitant les obstacles, en suivant les instructions des entraîneurs, en se partageant les tâches et, surtout, en travaillant en harmonie. Avec une statistique aussi impressionnante, doiton croire à une domination complète ?
UNE PETITE GÊNE
On doit se garder une petite gêne, bien que la tentation soit forte de penser un instant que tous les espoirs sont maintenant permis.
Surtout avec la façon dont le joueur le plus important de la concession se comporte, celui dont l’impact est si significatif. Carey Price multiplie les performances exceptionnelles depuis le début des séries.
Il permet à cette équipe de pratiquer un style reflétant parfaitement comment la collectivité peut contribuer à surmonter les obstacles, à inquiéter l’adversaire, au point de le pousser à la frustration.
D’accord, le match de vendredi n’a offert rien de bien spectaculaire… mais, au final, c’est le résultat des actions prises pendant ce deuxième duel face aux Jets qui est le plus important.
Pendant toute la soirée, quand un joueur des Jets s’emparait du disque, il y avait toujours des chandails blancs qui l’entraînaient dans un cul-de-sac.
Une victoire de 1 à 0, un but marqué en infériorité numérique et un 8e jeu blanc en carrière pour Price en séries. C’est tout ce dont le CH avait besoin.
On s’attendait à ce que les patineurs des Jets se présentent avec le couteau entre les dents. Sauf que l’adversaire était fin prêt.
PAS TRÈS CONVAINCANTS
Deux victoires à Winnipeg, deux victoires qui confirment que cette formation est en mission. Une priorité de 2-0 dans la série, et les deux prochains matchs au Centre Bell, un endroit où, tout au cours de la saison régulière, les résultats n’ont pas été très convaincants.
Mais a-t-on oublié le but de Jesperi Kotkaniemi, en prolongation, dans le sixième match, face aux Maple Leafs… alors qu’il y avait 2500 partisans dans les gradins ?
On répète souvent chez les athlètes que la confiance les pousse à se surpasser. Il ne semble y avoir aucune barrière pour entraver la marche vers de grandes ambitions.
Les jeunes patineurs sont dynamiques. Les vétérans jouent leur rôle avec une telle détermination. Eric Staal et Corey Perry semblent s’amuser comme larrons en foire.
La brigade défensive, composée surtout de quatre patineurs, remplit son mandat avec derrière elle un gardien connaissant ses meilleurs moments depuis cinq ans. Elle a limité Dubois, Ehlers, Wheeler et Connor combinés à trois tirs de qualité.
Les entraîneurs proposent un nouveau plan pour chacun des matchs. « Ce qu’on vit comme expérience présentement, c’est ce que représente un bon partenariat entre les joueurs et les entraîneurs », reconnaissait Dominique Ducharme après le deuxième match.
EN GROUPE
On ne gagne pas cinq matchs de suite sans un effort soutenu de tout un chacun. On a compris que l’on surmonte les difficultés en groupe, chacun s’entraidant sur la surface de jeu.
Le défi, maintenant, pour les entraîneurs, c’est de s’assurer que les joueurs comprennent très bien qu’ils sont encore loin de l’objectif final et que les Jets, malgré les événements qui ont marqué le premier match, misent sur Connor Hellebuyck.
S’il y a un gardien qui peut voler un match, Hellebuyck apparaît sur cette liste. C’est pour cette raison que le Canadien doit se montrer encore plus incisif dans le déploiement de son attaque.
Ce soir, c’est se donner une priorité pratiquement insurmontable de 3-0 ou donner de l’espoir aux Jets en leur permettant de réduire l’écart à 1-2.
Il y a 10 jours, avait-on pensé un instant que le Canadien se retrouverait dans une situation où il a l’opportunité de s’approcher du carré d’as ?
Réalité ou fiction ?