D’élève en difficulté à brillante actrice
Elizabeth Tremblay-gagnon brille dans la nouvelle saison de Toute la vie
La 2e saison de Toute la vie nous a révélé cet automne une brillante actrice. Le personnage d’éloïze, une adolescente enceinte atteinte de déficience légère, est incarné avec délicatesse par Elizabeth Tremblay-gagnon, une jeune comédienne de 24 ans au parcours marqué par des difficultés d’apprentissage, de la dyslexie et de la dysorthographie. Bien qu’elle n’ait été acceptée dans aucune école artistique en raison de ses performances scolaires, sa carrière n’a aujourd’hui rien à envier à personne.
Le prétexte pour parler à la comédienne est son rôle d’éloïze, bien sûr, mais aussi sa carrière d’actrice, qui a commencé au cinéma en 2014 dans La passion d’augustine, où elle incarnait la jeune bègue Suzanne Gauthier.
Depuis, on l’a vue dans le film Charlotte a du fun (2017), ainsi que dans les séries Les Invisibles, 30 Vies, Au secours de Béatrice et Le 422, entre autres.
En toute fin d’entrevue, Elizabeth Tremblay-gagnon tient à nous faire une confidence. « J’ai été une élève en difficulté, laisse-t-elle tomber. J’ai été trois ans dans une classe spéciale et je n’ai pas mon diplôme de secondaire. Je le dis parce que ça fait partie de mon parcours, et ça peut être inspirant pour les autres jeunes qui cherchent leur place dans une école comme moi je l’ai cherchée ».
La jeune femme ajoute que, lorsqu’est venu le temps de se préparer pour le rôle d’éloïze, elle est allée puiser dans son parcours scolaire.
« J’en ai côtoyé, des Éloïze, et même des cas plus sévères, confie-t-elle. Dans les années où j’ai été dans ce groupe-là, tout ce que je voulais, c’est être comme les autres. Pour moi, ce rôle-là m’a permis de boucler la boucle de mes difficultés d’apprentissage et de comprendre pourquoi j’étais dans un groupe en difficulté. J’ai apporté beaucoup de couleurs à Éloïze, mais elle m’a aussi appris beaucoup. Et aujourd’hui, je n’échangerais pas qui je suis. »
Elizabeth Tremblay-gagnon est, de toute évidence, une jeune fille brillante et éloquente. « Je me considère comme une personne intelligente même si je n’ai pas mon secondaire. J’ai une intelligence émotionnelle, et je pense que c’est tout autant important pour être équilibré dans la vie. »
ACCEPTÉE DANS AUCUNE ÉCOLE
La jeune actrice, aussi passionnée par le chant, s’est découvert un immense intérêt pour le jeu à 14 ans, en tournant dans une publicité.
Pour elle, c’était un point de non-retour. « C’était clair que je voulais faire ça dans la vie », raconte-t-elle. Elle a ensuite enchaîné des courts métrages qui lui ont permis de remporter des prix. En décrochant un premier rôle dans le film La passion d’augustine, « je suis rentrée dans les ligues majeures », dit-elle.
Ses parents ont bien essayé de l’inscrire dans des écoles artistiques, mais aucune ne l’a acceptée en raison de ses résultats scolaires, ce qui ne l’a pas empêchée de garnir son curriculum vitae de plusieurs formations artistiques prises ici et là. « J’ai une mémoire sélective », justifie-t-elle en riant.
DES EFFORTS PAYANTS
Elizabeth Tremblay-gagnon doit travailler encore plus fort que les autres. Elle prend soin de se faire coacher avant chaque rôle – « c’est tellement important pour moi de le faire », dit-elle. En tant que dyslexique, elle doit aussi mettre plus d’efforts pour apprendre ses textes.
« Je ne peux pas te dire que je lis un texte une fois et que je le décode tout de suite, explique-t-elle. Je me donne des trucs. Notre cerveau finit par contourner certaines difficultés sans vraiment y réfléchir. Moi, je relis et je relis. »
Mais, à force d’acharnement, Elizabeth Tremblay-gagnon a aujourd’hui le bagage nécessaire pour se faire confier un rôle aussi complexe que celui d’éloïze.
« Je veux être considérée comme une grande comédienne au Québec. Je veux être reconnue pour mon jeu. Je suis prête à plonger dans tout, surtout après Éloïze. Il n’y a rien qui m’arrête. »
« CE RÔLE-LÀ M’A PERMIS
DE BOUCLER LA BOUCLE DE MES
DIFFICULTÉS D’APPRENTISSAGE ET
DE COMPRENDRE POURQUOI J’ÉTAIS
DANS UN GROUPE EN DIFFICULTÉ. J’AI
APPORTÉ BEAUCOUP DE COULEURS À
ÉLOÏZE, MAIS ELLE M’A AUSSI APPRIS
BEAUCOUP. ET AUJOURD’HUI, JE
N’ÉCHANGERAIS PAS QUI JE SUIS. »
– Elizabeth Tremblay-gagnon