Résister aux « chauffards » de la langue française
La seule langue officielle du Québec est le français. Le premier article de la charte de la ville de Montréal stipule qu’elle est une ville de langue française. Il va de soi, pour moi, que toute entreprise opérant chez nous doit impérativement accueillir ses clients en français. En français d’abord minimalement. Surtout au centre-ville de Montréal.
Je comprends que certains entrepreneurs font face à des défis. Que parfois, dans quelques racoins de la ville, trouver un employé dont le français est exemplaire puisse être ardu (j’y reviens plus bas). Que certains travailleurs, notamment des anglophones, soient parfois distraits.
Malheureusement, nous n’en sommes pas là. Certains entrepreneurs francophones insistent pour utiliser l’anglais au travail. Ils insistent pour utiliser des raisons sociales en anglais.
Ils soutiennent que l’anglais est nécessaire pour faire des affaires à l’international. Que de leur demander de respecter la loi est une grave entrave au capitalisme. Comme si Volkswagen, Huawei, Allianz, le Cirque du Soleil et tellement d’autres grandes entreprises n’avaient jamais existé.
RESPONSABILITÉ SOCIALE
Les entreprises ne sont pas des coquilles vides. Elles ont des « mentalités », des « cultures d’entreprise ». On les considère comme des citoyens corporatifs à part entière. Ce n’est pas pour rien qu’on enseigne la responsabilité sociale des entreprises dans toutes les grandes écoles de commerce.
Sur le site de la BDC, on la définit comme « l’engagement que prend une entreprise en vertu duquel elle gérera les effets sociaux, environnementaux et économiques de ses activités de façon responsable et conforme aux attentes du public ».
On apprend aux futurs gestionnaires que les entreprises font partie du tissu de la société, une société qui a des valeurs. Je suis d’avis qu’une entreprise qui accueille ses clients en anglais et qui n’utilise pas le français comme langue de travail au Québec viole nos normes sociales et nos valeurs. Il n’y a rien de gênant à sanctionner des entreprises mésadaptées.
En toute cohérence, je félicitais récemment le ministre Jolin-barette sur les réseaux sociaux pour sa volonté de faire respecter la loi 101. Une loi légitime et adoptée par le parlement d’une nation démocratique.
Un entrepreneur s’est empressé de m’écrire qu’il s’agissait d’un grave manque de jugement puisque nous étions en pleine pandémie.
Dites-vous bien une chose. Pour un délinquant, il n’y a pas de bon temps pour appliquer la loi. Quand l’économie va mal, le respect de la langue imposerait une trop grande contrainte aux entreprises. Quand l’économie repart, la loi 101 nuirait à la reprise.
Le Québec est aux prises avec des « chauffards de la langue ». Je trouve plutôt que le temps est bien choisi. Jamais nos entreprises ne nous ont demandé autant d’aide. Jamais n’ontelles été aussi bien placées pour réaliser qu’elles font pleinement partie de la communauté.
UN RÉEL RECUL ?
Finalement, certains doutent que le français soit en réel recul au Québec. J’écoutais un commentateur à la radio citer une étude de l’office québécois de la langue française. Selon ces statistiques, nous ferions plutôt du sur place.
Par ailleurs, les données de recensement montrent que la proportion de Montréalais dont la langue maternelle est le français diminue. C’est normal, puisque nous sommes une société d’immigration. Ceci implique que nous devons envoyer un message fort en vue d’intégrer nos nouveaux arrivants à la société québécoise.
C’est exactement ce pour quoi la loi 101 a été écrite. C’est aussi pour que nous puissions vivre ensemble qu’elle doit être appliquée. Cela dit, pourquoi attendre de reculer pour donner au français la place qu’il mérite dans l’espace public ?
Malheureusement, nous ne disposons pas de tous les moyens pour le faire. La constitution actuelle nous empêche de protéger notre langue.
Les entreprises de juridiction fédérale ne sont pas tenues de respecter la loi 101. Celles ayant une charte fédérale ne doivent pas se plier à nos normes lorsqu’elles choisissent leurs raisons sociales. À quand une action concrète d’ottawa?