« Si je faisais une erreur, je me faisais ramasser »
Des femmes oeuvrant au sein des médias sportifs s’ouvrent sur le métier
AGENCE QMI | La place des femmes dans le monde des médias sportifs a évolué au cours des dernières années.
La journaliste de TVA Sports Elizabeth Rancourt, qui couvre les activités du Canadien de Montréal, suit les traces d’une pionnière du métier. Danielle Rainville a été la première femme au Québec à animer une émission de radio sportive.
« Il faut être faite forte, oui, mais quand on a une passion dans la vie, c’est la même chose pour tout le monde. On ne voit pas les obstacles, on n’entend pas ce qui ne fait pas notre affaire. Je crois que d’avoir eu des oeillères et des bouchons dans les oreilles par moment, ça m’a sûrement servi. »
Mme Rancourt, comme plusieurs autres jeunes journalistes, affirme avoir trouvé intimidante son arrivée à la couverture du Tricolore. « Si moi, je fais une erreur sur une statistique ou sur ce qui s’est passé dans le match, rapidement, on va dire que c’est parce que je suis une fille et que je ne connais rien aux sports. Alors que si la même erreur est faite par un homme, on va juste dire qu’il s’est trompé. »
Danielle Rainville abonde dans le même sens. « Si je faisais une erreur, c’est sûr qu’en tribune téléphonique, je me faisais ramasser solide. »
Selon Elizabeth Rancourt, être une femme dans le milieu du journalisme sportif a ses avantages. « On est plus empathique. Souvent, les joueurs ne refusent pas nos demandes d’entrevue, car ils se disent : “elle n’est pas là pour m’affronter ou me confronter, mais elle vient plus chercher de l’information”. »
RIVALITÉ CANADIEN-NORDIQUES
Mme Rainville, qui a notamment travaillé à la radio avec l’analyste de TVA Sports Michel Bergeron, affirme avoir été privilégiée d’oeuvrer à l’époque de la rivalité Canadien-nordiques.
« Un jour, j’avais parlé du style de jeu du Canadien et j’avais prédit que le CH se ferait battre. L’entraîneur de l’époque, Jacques Lemaire, avait écrit une belle lettre qu’il avait remise à mon collègue Pierre Bouchard, pour défaire tous mes arguments. »
Bergeron se rappelle les débuts de son ancienne collègue à la radio de Québec. « Elle appelait à la ligne ouverte de Marc Simoneau et elle était tellement articulée et bien préparée qu’il a fini par l’engager. Lorsqu’elle a commencé à venir aux entraînements des Nordiques, les journalistes d’expérience lui demandaient toujours de poser les questions les plus embarrassantes. Et Danielle se faisait un plaisir de le faire ».
Danielle Rainville est ensuite devenue, en quelque sorte, la professeure de Michel Bergeron lorsque ce dernier a fait le saut dans les médias. «À l’époque, j’avais à peu près 13 mots dans mon dictionnaire. On a eu beaucoup de plaisir à travailler ensemble.»