Le Journal de Quebec

Un bébé aux idées noires

- MADELEINE PILOTE-CÔTÉ Chroniqueu­se et humoriste

Lundi 26 octobre : après la conférence de presse du premier ministre qui confirme que la date à laquelle je m’accrochais, le 28 octobre, ne sera pas celle de mon déconfinem­ent intérieur, je craque.

Ça faisait des semaines que l’anxiété me visitait, que je me raccrochai­s à cette date en me disant que le 28 octobre, ça allait bien aller.

Des partys virtuels, seule dans mon appartemen­t, du sport tous les jours, une saine alimentati­on, beaucoup d’heures de sommeil, n’ont pas suffi à garder ma santé mentale au top.

J’étais au courant des effets de la pandémie sur l’état psychologi­que des jeunes, mais ce n’était alors que des statistiqu­es. Maintenant, je suis une statistiqu­e.

PAS DE VACCIN POUR ÇA

Mercredi 28 octobre : la date à laquelle j’espérais être libérée sera aussi celle où j’ai perdu pied. Je roule à bicyclette dans le Vieux-port pour chasser les idées noires. Je reçois un appel de ma mère. Elle est en ligne avec mon père et demande que je participe à la conversati­on à trois. Je m’arrête et j’écoute ce que mes parents ont à me dire. Ils savent que leur bébé ne va pas bien.

La veille, ma mère m’avait invitée à venir vivre chez elle et j’avais refusé, mais aujourd’hui, mon père dit à ma mère : « on ne lui laissera pas le choix ». Je me mets à pleurer et je dis : « oui, venez me chercher. » Je suis donc retournée vivre temporaire­ment sur la Rive-sud de Montréal.

Présenteme­nt, au Québec, plus du tiers des 18-24 ans souffre de symptômes d’anxiété et de dépression. Préoccupan­t.

Je vous invite à vérifier si les jeunes de votre entourage ont besoin d’être pris en main.

Dans ces moments, il ne faut pas oublier qu’un jeune adulte a toujours… un peu 5 ans.

Je vous laisse, j’ai une bonne soupe de ma maman qui m’attend.

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