La communauté musulmane revit des « souvenirs très douloureux »
L’attaque de samedi soir dans le Vieux-québec « remue des souvenirs très douloureux » de l’attentat de janvier 2017 à la grande mosquée de Québec, a admis Mohamed Labidi, président du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ).
« Tous les gens avec lesquels j’ai été en contact ce matin [hier] sont abasourdis par cet événement. Ça rappelle les souvenirs du 29 janvier 2017. On est de tout coeur avec les familles des victimes », a-t-il lancé au Journal, hier.
Hier, cinq regroupements musulmans de la région de la Capitale-nationale, dont le CCIQ, ont publié un communiqué dans lequel ils affirment que « cet acte portant atteinte à la vie humaine est un acte infâme et criminel. Son auteur a mis dans le chagrin les nombreuses familles et les proches des victimes tuées et blessées ».
SANTÉ MENTALE
M. Labidi a dit par ailleurs être totalement en phase avec les propos du maire Labeaume et de la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, au sujet de la santé mentale.
« On doit s’occuper des questions des maladies psychologiques qui sont un facteur de risque, a-t-il insisté. C’est un point à régler dans les sociétés modernes et surtout dans les grandes villes. C’est bien d’en parler et que le gouvernement mette de l’argent pour s’occuper des soins à donner en santé mentale. C’est un investissement pour avoir une société paisible. »
LA QUESTION DE L’ÂGE
Aymen Derbali, grièvement blessé lors de l’attentat de 2017, s’est également dit « stupéfait et choqué par ce qui s’est passé samedi soir. C’est sûr que j’ai fait un lien avec l’attentat de la grande mosquée. Ça s’est passé le soir et à un moment semblable de l’année, soit en automne-hiver ».
L’autre lien fait par M. Derbali concerne l’âge du suspect (24 ans), très proche de l’âge d’alexandre Bissonnette qui avait 27 ans quand il a perpétré la tuerie de 2017.
« Il faut se pencher sur les enjeux de santé mentale, particulièrement dans cette tranche d’âge de la mi-vingtaine », a suggéré Aymen Derbali.
LE TÉLÉPHONE NE DÉROUGIT PAS
Chez Khadija Thabti, veuve de Boubaker Thabti, l’une des six victimes de l’attentat de la grande mosquée, le téléphone n’a pas dérougi hier matin. Mme Thabti a d’ailleurs été informée du drame du Vieux-québec par un message envoyé par son frère qui réside en France.
« Je me suis tout de suite dit : “Heureusement que nous sommes restés à la maison hier soir”. Ça fait déjà quelques jours que je suis terrorisée avec ce qui se passe en France », a-t-elle laissé tomber en évoquant les récentes attaques au couteau dans l’hexagone.
Khadija Thabti a ajouté qu’elle « n’arrête pas de penser aux familles des victimes. Ce qu’elles vivent est terrible ».