Pas facile, le boulot en télétravail
Tant les employés que les gestionnaires se questionnent et cherchent des solutions pour le bien-être de tous
« C’EST COMME AU HOCKEY. SI ON VEUT GAGNER LA COUPE STANLEY, À UN MOMENT DONNÉ IL FAUT QUAND MÊME SE VOIR POUR PRATIQUER ENSEMBLE. »
– Jonathan Léveillé
C’était quelques semaines après le début de la pandémie. Complètement seul, au milieu de bureaux déserts, le PDG d’openmind Technologies est pris d’un étrange sentiment de panique.
« Je ne voyais personne depuis un mois. Je me rendais au travail tous les jours. Les choses roulaient comme prévu. Et pourtant, je me suis mis soudainement à angoisser, comme démuni », relate Jonathan Léveillé, le patron de l’entreprise informatique d’une soixantaine d’employés, à Blainville.
De tels épisodes, Geneviève Desautels, coach et présidente d’illuxi, en a tellement entendu depuis six mois, qu’ils n’ont pour elle plus rien d’exceptionnel. La pandémie de la COVID-19, et les mesures de confinement qui ont suivi ont provoqué chez les travailleurs — employés comme gestionnaires — un ensemble de bouleversements auquel nul n’était préparé, dit-elle.
RÉALITÉ IMPOSÉE
« C’est bien beau le télétravail lorsqu’on le souhaitait et lorsqu’on y est préparé. Mais c’est une autre histoire pour bien d’autres, qui ne l’ont jamais souhaité ou qui n’ont pas la personnalité ou les outils pour maintenir leur niveau de bonheur et de performance habituel au travail. »
Mélanie Duguay, propriétaire de Cabana Séguin, une boîte de graphisme d’une douzaine d’employés spécialisés dans la création de branding, de logo et d’emballages, le confirme.
« Je me suis vite rendu compte que tout le monde n’était pas égal durant cette crise-là. Lorsque l’on vit à l’étroit, avec de jeunes enfants qui ont besoin de bouger, c’est une autre paire de manches que pour celui dont les enfants sont plus vieux, ou qui dispose d’un plus grand nombre de pièces pour travailler confortablement. »
L’IMPORTANCE DES COLLISIONS
Le maintien de l’engagement, de la mobilisation des employés, autour de projets ou d’une culture d’entreprise pose aussi problème pour nombre de gestionnaires. Comment faire lorsque chacun est chez soi ?
C’est comme si chacun était sur un étage différent, se désole le PDG d’openmind, Jonathan Léveillé. Sans rencontres improvisées, sans discussions de corridor ou autour de la machine à eau, comment faire pour garder une cohésion dans l’équipe ?
Cherchant des solutions, ce dernier réfléchit entre autres à une façon de provoquer des « collisions virtuelles », essentielles selon lui au bien-être et à la créativité d’une équipe. « Si on veut gagner la coupe Stanley, à un moment donné, il faut quand même se voir pour pratiquer ensemble », dit-il.
La PDG de Cabana Séguin n’en pense pas moins, affichant sa préférence pour un retour au bureau dès que possible. « Le télétravail va demeurer. Mais probablement pas à temps plein, dit-elle. On peut en avoir de la créativité chez soi. Mais il n’y a rien comme les idées qui surgissent en personne, en brainstorm ou autour d’un café. »
Ce n’est pas facile, soutient Mme Desautels. Et pour tout le monde. Employés et gestionnaires, tous se posent mille questions.
Flairant le besoin de réponses, la présidente d’illuxi, qui héberge et commercialise des formations « immersives et interactives », a enregistré deux séries de 12 capsules de formation au travail à distance.
L’une s’adresse aux employés, l’autre aux gestionnaires. Et déjà, de grandes et petites entreprises auraient déjà pris la décision de l’offrir à leur personnel.