Le symbole d’un conflit non résolu
Si son célèbre cliché reste toujours aussi évocateur 30 ans plus tard, c’est que le conflit « n’a jamais vraiment été résolu » à Oka, croit sa photographe.
« Ma photo représente encore cette tension », souligne Shaney Komulainen, qui couvrait la crise pour la Presse canadienne à l’époque.
Sur le coup, par contre, elle était loin de se douter que l’image deviendrait iconique. Elle ne savait même pas qu’elle avait pris la meilleure photo de la journée.
Les gens qu’elle croisait sur le terrain la félicitaient, mais elle ne l’avait toujours pas vue.
Si sa photo est devenue l’image de la crise, c’est notamment parce que le conflit n’a jamais fait d’escalade au-delà de la menace immortalisée dans le faceà-face, dit-elle. Personne n’avait été blessé ou pire, ce jour-là.
DUALITÉ
Mme Komulainen aime aussi la dualité de l’image qui, selon elle, peut évoquer la menace des deux côtés.
Que ce soit le jeune soldat à la « face de bébé » devant un Warrior masqué ou le pouvoir militaire opposé à une rébellion.
La photographe admet qu’elle ne connaissait alors presque rien des enjeux et des défis des peuples autochtones.
« J’ai beaucoup appris après Oka », assure-t-elle.
Elle a notamment été secouée par le racisme envers les Premières Nations, qu’elle a pu observer en couvrant l’événement pendant plusieurs mois.
L’image a été bonne pour sa réputation comme photographe, mais un grave accident de la route quelques mois plus tard a mis fin à sa carrière, la rendant incapable de garder le rythme des longues journées sur le terrain.
Mme Komulainen reste aujourd’hui très fière d’être la photographe qui a immortalisé ce moment.