Le Journal de Quebec

On aurait pu contrôler nos frontières...

- RÉMI NADEAU

Est-ce que le Québec se serait mieux tiré d’affaire s’il avait été indépendan­t au moment de répondre à la crise inédite du coronaviru­s ? Posséder tous les leviers favorise généraleme­nt une meilleure gestion…

Incarnant depuis son élection un nationalis­me sans complexe, François Legault a réussi à mobiliser les Québécois avec brio.

En leur parlant directemen­t tous les jours dans un langage à la fois simple et clair.

Le premier ministre a établi une connexion directe avec son peuple, en faisant appel au sentiment de fierté nationale. En cela, il s’est conduit en véritable leader d’une nation.

Comme des dirigeants d’états souverains ont pu rassembler et demander des sacrifices en temps de guerre dans le passé.

Mais avait-il les coudées franches pour faire tous ses choix ? Non.

SA PREMIÈRE DÉCISION

La première décision que François Legault, premier ministre d’un Québec souverain, aurait pu prendre aurait été de fermer les frontières de notre État aux touristes étrangers.

Il faut se rappeler les nombreux et insistants appels du pied de M. Legault pour que Justin Trudeau finisse par annoncer le 16 mars la fermeture des frontières aux ressortiss­ants étrangers, à l’exception des Américains.

SURRÉEL

Il y avait quelque chose de surréel de voir la Ville de Montréal et le gouverneme­nt du Québec forcés de dépêcher du personnel à l’aéroport pour sensibilis­er les touristes qui entraient comme si de rien n’était, alors que les représenta­nts de la feuille d’érable dormaient au gaz.

Toutefois, contrairem­ent aux partis d’opposition à Ottawa, François Legault n’avait pas critiqué l’ouverture maintenue pour les Américains, qui a été colmatée quelques jours plus tard, le 21 mars.

UNE ARMÉE DU QUÉBEC

Sur un autre front, un premier ministre d’un Québec souverain aurait pu agir plus rapidement, si notre pays avait été doté de sa propre armée.

Le 22 avril, François Legault en avait été réduit à demander l’aide du gouverneme­nt canadien pour le déploiemen­t de 1000 soldats.

Il a fallu attendre sept jours avant qu’un premier contingent de 200 militaires se mette en route pour Montréal.

Puis, le 5 mai, M. Legault s’impatienta­it encore, alors qu’il n’avait toujours pas reçu l’assurance du déploiemen­t des 1000 soldats.

Alors que des personnes âgées mouraient tant de la COVID que de déshydrata­tion en raison du manque de personnel, chaque jour comptait et faisait la différence entre la vie et la mort.

LA PLUIE DE MILLIARDS $

Toutefois, les finances publiques d’un Québec souverain auraient été plus gravement grevées s’il avait lui-même dû trouver tous les milliards $ qu’ottawa a empruntés pour distribuer aux citoyens et aux entreprise­s.

Bien sûr, le Québec aurait pu compter sur l’entièreté des impôts et taxes payés sur son territoire, mais pas sur les 13 milliards $ de paiement de péréquatio­n, et les autres transferts.

Cela étant, même sur la façon d’aider, Legault aurait pu faire ses propres choix s’il avait été seul à diriger le navire.

Ainsi, il n’aurait pas eu besoin d’accorder une prime aux travailleu­rs essentiels à faible revenu pour éviter qu’ils ne désertent leur employeur, attirés qu’ils pouvaient être par l’oisiveté encouragée de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) à 2000 $ par mois !

Comme quoi on n’est jamais mieux servi que par soi-même…

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada