Détresse chez les entrepreneurs
La détresse est très présente chez les entrepreneurs, depuis que le monde a basculé avec la pandémie, en mars.
Dans certains cas, c’est le rêve d’une vie qui s’effondre, ou qui menace de le faire. Plusieurs sont à ce point dépassés qu’ils ne prennent même pas le temps de se questionner à savoir s’ils vont bien.
« Être entrepreneur, depuis toujours, c’est délicat pour l’équilibre mental, pour plein de raisons, résume Maryse Beaulieu, directrice générale de la Fondation Cervo. Ils sont souvent seuls, leur emploi les occupe 24 heures sur 24 ou presque, ils tiennent leur famille à bout de bras, et celle de leurs employés, ce qui les rend très redevables. Des gens dépendent d’eux et du succès de leur entreprise. »
On s’en doute, dans la situation actuelle, le succès, les rendements et les profits sont mis à mal. « Bien des gens pensent qu’être entrepreneur, c’est faire des millions, souligne Mme Beaulieu, mais ce n’est vraiment pas le cas pour tout le monde. »
SITUATION PRÉCAIRE
Inquiète face à la situation, et sachant que bien des entrepreneurs hésitent à demander de l’aide, la Chambre de commerce de Québec a interpellé la Fondation Cervo, organe du CIUSSS dont la mission consiste à prévenir et guérir les maladies mentales, en plus d’informer les gens.
Dans la région de Québec, deux suicides ont été rapportés depuis le début de la crise, et bien qu’ils ne soient pas dus qu’à la situation, celle-ci y a très certainement contribué. « La crise fait ressortir ce qui était déjà fragile chez ces gens-là », mentionne Mme Beaulieu.
Les gens d’affaires sont souvent ceux qui n’hésitent pas à se mettre en danger, qui vont plus se soucier de la santé des autres que d’eux-mêmes. Cette réalité fait en sorte de les rendre
« Être entrepreneur, depuis toujours, c’est délicat pour l’équilibre mental, pour plein de raisons. »
peut-être encore plus vulnérables, dans la situation actuelle.
Dans la population en général, selon la Fondation Cervo, près d’une personne sur deux estime avoir déjà souffert d’anxiété ou de dépression sans avoir consulté un médecin à ce sujet.
Chez les entrepreneurs, il appert que les gens ont souvent peur que leurs conditions mentales, si elles sont chancelantes, puissent nuire à leur entreprise ou les rendent plus faibles. « Et pourtant, ce n’est pas le cas », dit
Mme Beaulieu, rappelant le slogan de la fondation : Changer les perceptions.
Un webinaire destiné aux entrepreneurs-es aura lieu le 20 mai prochain, à
9 h 30. Deux chercheurs de la fondation présenteront alors des exposés, soit le Dr Charles Morin, sommité mondiale sur la question du sommeil, et le Dr Marc Hébert, qui a développé des mécanismes pour aider les travailleurs de nuit à garder le rythme.
« J’oserais dire que pour être entrepreneur, ça prend un peu de folie, de dire Mme Beaulieu. Le mot folie, ça peut être très positif, et c’est le cas ici. Mais il faut parler, échanger et ne pas hésiter à demander de l’aide. »