L’armée débarque dans les CHSLD
Les militaires font du repérage dans cinq établissements pour évaluer les besoins
Espérés depuis longtemps, des militaires débarquent en renfort dans des CHSLD lourdement éprouvés de Montréal pour venir en aide au personnel à bout de souffle.
« On le sent que [les employés et dirigeants] ont hâte qu’on leur prête assistance », a déclaré hier la commandante Caroline Cameron, à sa sortie du CHSLD Yvon-brunet, à Montréal.
Infirmière de formation, elle menait un repérage hier, qui se poursuit aujourd’hui, dans cinq établissements de Montréal. Cette visite sert à évaluer les besoins pour répartir la centaine de militaires à déployer dans les prochains jours, alors que le bilan continue de s’alourdir.
Le Québec a déploré 117 nouveaux décès hier, portant le total à 805. La province compte désormais 17 521 personnes infectées par la COVID-19.
Les militaires déployés « dans les prochains jours » seront des infirmières et des « techmeds », soit des techniciens médicaux dont la formation ressemble à celle d’un paramédic.
Ceux-ci vont offrir « les soins aux patients, les nourrir, les laver, leur parler, jouer aux cartes. Ils seront là pour ça », énumère Mme Cameron.
PAS D’UNIFORME MILITAIRE
Ils reçoivent présentement une formation adaptée pour les soins aux aînés à la base militaire de Saint-jean-sur-richelieu.
En CHSLD, les militaires devront mettre de côté leur uniforme pour porter le même que le personnel soignant.
« Je ne voulais pas que nos personnes âgées voient un militaire qui entre dans leur chambre », explique Ginette Senay, une des directrices du CIUSSS du Centre-sud-de-l’île-de-montréal.
Devant le centre Yvon-brunet, où au moins 65 % des résidents sont infectés par la COVID-19, elle a reconnu que l’endroit avait « besoin de renfort », alors que plusieurs employés sont aussi tombés au combat en contractant le virus.
« Nos employés sont fatigués, ils ont fait beaucoup d’heures », soutient-elle.
« C’est un fait, on a besoin d’aide », a d’ailleurs admis l’un d’eux, sous le couvert de l’anonymat.
« Le moral est très bas, on n’arrête pas de perdre des gens, alors qu’on s’attache à eux », en a souligné un autre.
Bien qu’heureux de l’arrivée des militaires au CHSLD Yvon-brunet où vit sa soeur atteinte de dystrophie musculaire, Gérard Blais s’impatiente.
« Ça prend du monde. Ici, c’est une urgence, vraiment c’est critique », a-t-il lancé hier, la voix brisée par l’émotion. Il était allé porter un gâteau de fête pour sa soeur, à qui il parle tous les jours, et les employés.
UN PEU TROP TARD
« Je suis déçu, parce que c’est ça qu’on entend depuis une semaine qu’on est en train de s’organiser », poursuit-il.
L’homme de 64 ans n’a pas voulu dire si elle avait contracté le virus ou non.
« Ils ont été débordés », souffle Hélène, qui voulait taire son nom de famille, saluant le travail des employés. Elle a déposé hier une gerbe de fleurs devant le centre Yvon-brunet pour sa mère décédée vendredi dans l’établissement.
« Je suis contente qu’ils reçoivent l’aide [des militaires], mais c’est peutêtre un peu trop tard », laisse-t-elle tomber.