L’HÉROÏNE DE DANIEL BRIÈRE
« Misha voit plusieurs de ses patients mourir chaque jour. Cette semaine, elle a été témoin de plusieurs décès. »
Sa conjointe travaille aux soins intensifs d’un hôpital de Philadelphie
Pendant sa carrière de 973 matchs dans la Ligue nationale de hockey, Daniel Brière a souvent été acclamé. Ses prouesses à Buffalo et à Philadelphie ont soulevé l’admiration chez les partisans des Sabres et des Flyers. Mais depuis le début de la présente crise planétaire, c’est lui qui est rempli d’admiration.
Médecin en résidence au Chestnut Hill Hospital de Philadelphie, Misha Brière, son épouse, est aux premières lignes dans cette guerre que mène l’humanité contre la COVID-19.
« On est tellement fier d’elle. Ce n’est pas facile. Elle passe plusieurs heures à l’unité des soins intensifs pour essayer d’aider les gens du mieux qu’elle peut avec ce qu’ils ont sous la main », a raconté Brière, joint au téléphone par Le Journal.
En raison de sa proximité géographique avec New York, la région de Philadelphie commence à ressentir les effets de la fulgurante propagation du virus, qui a frappé de plein fouet la Grosse Pomme au cours des dernières semaines.
« Ça a commencé à déborder chez nous. Tous les hôpitaux de Philadelphie sont maintenant surpeuplés. Ils commencent à manquer d’équipements, de lits, de respirateurs », a énuméré l’ancien joueur du Canadien, toujours aussi généreux de son temps.
CHIRURGIENNE DANS L’ARMÉE
Mais Misha Brière en a vu d’autres. Autrefois chirurgienne de l’armée aérienne américaine, elle a vu les atrocités de la guerre lors de déploiements en Afghanistan et aux Émirats arabes unis.
« Dans l’armée, elle a vécu des choses incroyables. Elle est habituée à des moments comme ceux-ci, mais elle trouve étrange que ces moments-là semblent la suivre. Elle pensait qu’en terminant son service militaire (il y a un an et demi), elle serait sortie de ça », a indiqué l’athlète originaire de Gatineau.
À l’image de ses années à servir sous le drapeau américain, Misha Brière voit des collègues tomber au combat. Les cas de COVID-19 au sein du personnel soignant ne cessent d’augmenter, particulièrement au cours de la dernière semaine, alors que la crise a atteint un autre niveau en Pennsylvanie.
En date d’hier à 8 h, 18 228 cas avaient été recensés dans cet État, dont 5029 dans le seul comté de Philadelphie. On comptait 86 décès dans la Ville de l’amour fraternel.
« Leurs forces sont diminuées parce qu’il y a de moins en moins de docteurs et d’infirmières. Plusieurs médecins ont été infectés, plusieurs sont en isolement », a précisé Brière.
Puisque les médecins en résidence ont déjà la pédale au plancher en temps normal, il devient impensable de presser davantage le citron.
« Avant tout ça, elle faisait déjà de 90 à 95 heures par semaine. Il serait difficile de lui demander d’en faire plus sans qu’elle perde la tête. Tout le monde est au maximum de ce qu’il peut donner. »
DU RÉCONFORT
Pour l’instant, la conjointe de Daniel Brière n’est pas infectée. Du moins, elle ne démontre aucun symptôme. Mais pour éviter tout risque de propagation, les Brière sont confinés à l’intérieur de leur demeure. La promenade avec les chiens constitue l’unique sortie de la famille.
« On fait même livrer l’épicerie », a-t-il précisé.
Par contre, pas question, pour Daniel et ses fils, de s’isoler de la femme de la maison. Épauler l’héroïne de la famille est primordial, peu importe les risques.
« Elle a besoin de notre soutien. Elle travaille déjà beaucoup, alors on n’a pas voulu la placer encore plus en isolement », a souligné le Québécois de 42 ans.
« Et pour nous, ça fait partie de la vie de tous les jours. Ça ne nous inquiète pas, a-t-il ajouté. Est-ce qu’on sera infecté à notre tour ? On ne le sait pas, mais on ne veut pas s’arrêter à ça. »