Le Journal de Quebec

DEUX JEANS ET UN ORDI

-

C’est la désolation totale pour Samia Salomon lorsqu’elle pense à Haïti où se trouvent toujours plusieurs de ses proches.

« On est comme c’était un an ou deux après le tremblemen­t de terre. [...] Je me sens beaucoup plus en colère que triste. Si un séisme devait survenir encore, il y aurait plus de morts parce que les gens sont retournés vivre dans des maisons instables. »

Malgré tout, elle vit chaque jour avec l’envie de rentrer, même si cela voudrait dire refaire sa vie encore une fois, et se mettre en danger en raison de son engagement social contre la violence faite aux femmes.

Pour elle, tenter de s’intégrer à son nouveau pays n’est pas facile tous les jours.

Mme Salomon se rendait à Jérémie en avion lorsque le tremblemen­t de terre a eu lieu. Elle croit que ce vol turbulent lui a probableme­nt sauvé la vie. Après avoir été bloquée quatre jours dans cette communauté, sans nouvelles de ses proches, elle a franchi les 300 km qui la séparaient de sa maison de Port-auPrince en moto avec une amie sur des routes impraticab­les.

Une fois arrivée chez elle, ce fut la désolation.

« De tout ce que j’avais construit, il ne restait plus rien. J’ai refait ma vie avec mon passeport, deux jeans, un ordinateur, quelques chemises et des sous-vêtements », se remémore la dame qui avait 29 ans à l’époque.

Elle a dû dormir dans les rues pendant trois nuits.

« C’était horrible comme situation. Il y avait du pillage. Beaucoup de femmes ont été violées », se souvient Mme Salomon, émotive.

« Des images comme ça, ça marque pour la vie. »

Après un passage de deux mois à Montréal en 2010, Mme Salomon a demandé l’asile en 2016 et est revenue dans la métropole québécoise.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada