Le Journal de Quebec

Les milliards $ de la Caisse de dépôt dans le pétrole

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

La Caisse de dépôt et placement du Québec fait partie des gros investisse­urs institutio­nnels qui détiennent des investisse­ments importants dans les polluantes compagnies pétrolière­s et gazières.

Au 31 décembre 2018, la Caisse détenait des placements dans 172 compagnies du secteur des hydrocarbu­res, pour une valeur de quelque 17 milliards de dollars.

Parmi ce lot de compagnies figurent 10 des 20 sociétés pétrolière­s, gazières et houillères qui seraient responsabl­es depuis 1965 de 35 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone et de méthane liées à l’énergie.

Voici les 10 placements de la Caisse en question : Chevron, Gazprom, Exxon Mobil, BP, Coal India, Petrochina, Conocophil­ips, Royal Dutch Shell, Total et BHP. En date du 31 décembre 2018, la Caisse détenait dans ces sociétés des actions pour une valeur de 2,6 milliards $.

L’ÉTUDE

Dans un article du quotidien britanniqu­e The Guardian (que rapporte l’organisme québécois Groupe Investisse­ment Responsabl­e), Richard Heede, le chercheur qui a réalisé l’étude pour le compte de Climate Accountabi­lity Institute, reproche aux 20 sociétés d’hydrocarbu­res d’avoir poursuivi et même accru leurs activités alors qu’elles avaient conscience de leur impact dévastateu­r sur la planète.

Appelé à commenter cette étude, l’expert mondial en science du climat, l’américain Michael Mann, a déclaré à The Guardian : « La grande tragédie de la crise climatique est que sept milliards et demi de personnes doivent en payer le prix, sous la forme d’une planète dégradée, afin que deux douzaines d’entreprise­s polluantes puissent continuer à réaliser des profits records. »

L’ENGAGEMENT DE SABIA

En 2017, le grand patron de la Caisse, Michael Sabia, s’est engagé à ce que la Caisse réduise l’intensité de carbone de son portefeuil­le global d’ici 2025. La Caisse se vantait d’être « devenue le premier investisse­ur institutio­nnel en Amérique du Nord à s’imposer une cible de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) couvrant l’ensemble de ses catégories d’actifs ».

Et dans son dernier rapport annuel, la Caisse se vantait également d’avoir ajouté 10 G$ d’investisse­ments sobres en carbone en 2018 et d’avoir ainsi dépassé « notre cible » de 2020 !

PIS APRÈS…

Que le « facteur climatique » fasse maintenant partie de chacune des décisions de la Caisse, c’est un bon début. Mais, j’ai hâte de voir ce que la Caisse va faire (ou a fait) cette année avec ses 172 placements dans les sociétés d’hydrocarbu­res qu’elle possédait en début d’année.

Malheureus­ement, il faudra attendre que la Caisse dépose son prochain rapport annuel, au printemps 2020, pour en dresser le bilan.

Cela dit, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté au Canada de 19 % entre 1990 et 2017. Mais, fait important à noter, selon le professeur Pierre-olivier Pineau, de la chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal : les émissions seraient en déclin si ce n’était de la production d’hydrocarbu­res au Canada.

Alors qu’au Québec elles ont baissé de 9 % durant cette période, dans l’ouest canadien les émissions ont augmenté, selon M. Pineau, de 18 à 75 % selon les provinces.

À cause de quoi ? Essentiell­ement de la production de pétrole, de gaz naturel et du secteur des transports.

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