Le Journal de Quebec

La tarte aux pommes et l’argent de Monopoly

- EMMANUELLE LATRAVERSE Analyste politique emmanuelle.latraverse@tva.ca

Les deux avions de Justin Trudeau, les deux passeports d’andrew Scheer. Les déguisemen­ts, le CV « bonifié », les déclaratio­ns passées de l’un et de l’autre. Ça ne vole pas haut !

On a l’impression d’assister à un combat de coqs plutôt qu’à un débat sur qui est le plus apte à gouverner. On promet des milliards, on invente une façon de financer tout ça, et on évite surtout les enjeux complexes pour l’avenir du pays.

LA TÊTE DANS LES NUAGES…

Dans la course aux votes, remettre de l’argent dans les poches de la classe moyenne est devenu une religion. Une réponse urgente à la crise du coût de la vie.

Que les partis s’apprêtent à emprunter de l’argent que le gouverneme­nt n’a pas pour payer ces promesses semble totalement secondaire.

On nous fait miroiter des « examens des dépenses », un engouement soudain contre l’évasion et l’évitement fiscaux des entreprise­s pour regarnir les coffres. Vous y croyez ? Si le passé est garant de l’avenir, il est permis d’en douter.

Pire, aucun parti n’a envisagé le risque pourtant bien réel d’une récession dans son cadre fiscal.

Or, comment le gouverneme­nt aurait-il les moyens de stimuler l’économie alors qu’il est fortement endetté et que les taux d’intérêt sont déjà si bas ?

Il faut croire qu’en campagne électorale, la fin justifie les moyens lorsqu’il est question de finances publiques.

ET LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ?

Il est vrai que les statistiqu­es nous réconforte­nt. Un chômage à son plus bas en 40 ans, pénurie de main-d’oeuvre dans plusieurs régions. Et pourtant, on occulte une réalité moins reluisante.

Au Canada, les salaires stagnent, la croissance économique par habitant aussi. La productivi­té tire toujours de l’arrière, les investisse­ments des entreprise­s sont en recul. La réalité, c’est que le Canada est en retard dans la course mondiale vers l’économie intangible de demain.

Et avez-vous entendu parler de la 4e révolution industriel­le ? Un capitalism­e sans capital, où la gestion des données, les marques de commerce et la propriété intellectu­elle seront les moteurs de l’économie ?

Créer de la richesse et assurer la croissance exigeront d’énormes réformes dont les chefs ne parlent pas. C’est vrai, rien de tout cela n’est bien sexy.

Mais sans un débat sur les défis auxquels l’économie est confrontée dans un monde en pleine turbulence, les promesses électorale­s ressemblen­t davantage à un mirage.

Les politicien­s nous vendent de la tarte aux pommes avec de l’argent de Monopoly

Sans un débat sur les défis auxquels l’économie est confrontée, les promesses électorale­s ressemblen­t davantage à un mirage

 ??  ?? Le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, lors d’une rencontre avec des familles dans un restaurant de la région de Québec, vendredi.
Le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, lors d’une rencontre avec des familles dans un restaurant de la région de Québec, vendredi.
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